Rien que pour la journée de jeudi dernier, ce sont près d'une dizaine de feux de forêt qui se sont déclarés à travers le vaste et dense massif forestier de Tizi Ouzou. Ce qui a fait planer sur le territoire de la wilaya une atmosphère de cendres et de fumée âcre aux couleurs rougeâtres. Un décor infernal qui a fait grimper le mercure à des températures jamais égalées auparavant. “Même la climatisation semble inefficace face à cette fournaise”, lance un transporteur de voyageurs assurant la navette entre le chef-lieu de wilaya et Larbâa Nath Irathen. En début d'après-midi, nombreux sont les citoyens qui ont vu leur thermomètre dépasser les 42°C. Selon les services de la Protection civile, tous ces incendies, dont l'ampleur a été manifestement favorisée par la canicule sévissant en ce début de mois d'août, ont été maîtrisés et éteints, hormis celui qui s'est déclaré, jeudi dernier, à Aït Aïssi, dans la commune de Yakourène. Ainsi, les localités de Drâa El-Mizan, Aït Yahia Moussa, Sidi Naâmane, pour le versant sud et sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou, celles de Makouda, Iflissène et Yakourène pour la façade nord, et Bouzeguène, Aït Khellili et Aïn El-Hammam pour le côté est de Tizi Ouzou, ont toutes connu des feux de forêt importants ayant parcouru des dizaines d'hectares et ravagé des centaines d'arbres (oliviers, chêne-liège et chêne vert), broussailles et autres maquis, avant-hier. L'impact de ces innombrables départs de feux a nettement réduit la visibilité, et l'on ne distinguait à l'horizon qu'une écharpe dense et vaporeuse de fumée jaunâtre. “Aucune habitation ni village n'ont été menacés par ces incendies importants”, rassure l'officier assurant la permanence au sein de la direction de la Protection civile de Tizi Ouzou, joint hier, par téléphone. “Revenez demain pour avoir le détail chiffré de ces incendies et la nature des dégâts occasionnés”, précise-t-il également, tout en soulignant que les services de la Protection civile ont été déployés en conséquence pour “traiter” ces départs de feux. Mais le commun des citoyens de Tizi Ouzou s'interroge quant à la “nature criminelle ou spontanée” de ces multiples feux de forêt. Doit-on continuer ainsi à évoquer la fatalité lorsque des départs de feu se reproduisent sur les mêmes massifs boisés à longueur de saison ? “Je suis consterné d'assister impuissant face à ces flammes ravageant insatiablement nos oliveraies qui n'arrivent décidément pas à se remettre de ces sinistres que moi je qualifie de criminels”, affirme, hors de lui, un sexagénaire dont le village est situé sur les hauteurs du bassin versant du barrage Taksebt. Un constat qui n'en finit pas d'être vérifié à longueur de semaine dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les pauvres exploitants agricoles et autres fellahs victimes de ces sinistres pourront-ils prétendre, un jour, à une indemnisation pour les pertes qu'ils ont subies ? Une interrogation qui risque de rester suspendue ? À moins que… Abdenour Bouhired