“Nous ne bougerons pas d'un iota tant que nous n'aurons pas rencontré les membres de la commission d'enquête dépêchée par Alger, afin de faire toute la lumière sur la façon dont a été gérée l'attribution de nos logements qui nous revenaient de droit”, affirment, d'une traite, les délogés des Planteurs qui observaient, hier, un sit-in de protestation devant l'édifice de la daïra d'Oran. Visiblement, courroucés à l'idée de faire les frais d'une situation qui leur a été imposée, les protestataires ont pris les devants pour “mettre chaque responsable devant ces responsabilités”, soutiennent-ils mordicus. Devant le siège de la daïra et sur le boulevard Front de mer, des dizaines de contestataires sont montés au créneau, fustigeant au passage des responsables de la commune et de la daïra “pour manquement à leurs responsabilités”. Maâmar, père de cinq enfants, figure parmi les 420 délogés, dont les habitations ont été démolies au lendemain de l'opération de relogement au profit de 990 attributaires du quartier des Planteurs vers la cité Yasmine. “J'ai été dûment recensé par les services du bureau d'études de l'URSA en 2003. Je n'arrive pas à comprendre comment j'ai été écarté de la liste des bénéficiaires”, s'écrie notre interlocuteur en exhibant sa carte de recensement. Nous apprenons que le bureau d'études (Saïda) a été à l'origine désigné par les responsables dans le cadre de l'opération de relogement de 9 000 familles résidant au niveau des terrains Hadj-Hacène, Guillemet, Ras et Aïn, oued Ali. Tous les contestataires que nous avons rencontrés étaient en possession de la fameuse carte de recensement délivrée par le bureau de l'URSA. il s'agit d'un triptyque dont les volets de concordance ont été remis aux services compétents de la commune, de la daïra et de la wilaya. c'est cette procédure infalsifiable que n'arrivent pas à comprendre les protestataires, lesquels affirment que ce procédé a été pourtant concocté pour “éviter les trafics”. Un autre délogé, lui aussi recensé, nous montre sa carte avec sa photo et sa date de naissance. “Vous voyez bien que je suis né en 1958 à cette même adresse où je résidais avec mes parents depuis plus de 50 ans.” Père de deux enfants, Saïd n'en démord pas. “Des gens étrangers au quartier ont pu bénéficier de logements décents. Il y a même une émigrée qui a obtenu un nouveau logement alors qu'elle n'habite pas aux planteurs”, ajoute notre interlocuteur. Interrogés sur leurs intentions, les contestataires ont répondu qu'ils ont refusé de rencontrer le chef de daïra. “Nous ne sommes plus dupes. Nous attendrons le temps qu'il faudra pour rencontrer la commission d'enquête nationale promise par le ministre de l'Intérieur lors de sa visite à Oran”, ont-ils insisté lourdement. Lancé dans le cadre de la conférence internationale sur la pauvreté en 2001, le projet de relogement de 9 000 familles des Planteurs est une opération entièrement financée par la Banque mondiale. Outre les Planteurs à Oran, quatre autres sites sont concernés par cette opération de relogement de grande envergure à Remka (Relizane), Djizia (Tébessa), Sidi Fredj (Oum El-Bouaghi) et Baraki (Alger). K. Reguieg-Yssaad