Le président afghan Hamid Karzaï a appelé, jeudi, le Pakistan et l'Afghanistan à unir leurs forces pour vaincre l'“oppression” des talibans et d'Al-Qaïda, à l'ouverture d'une inédite “jirga de paix” à Kaboul, réunissant des centaines de chefs religieux et tribaux des deux pays. “J'ai confiance, je crois (...) que si, à la fois, l'Afghanistan et le Pakistan joignent leurs mains, nous éliminerons en un jour l'oppression subie par nos deux pays”, a-t-il déclaré pour l'ouverture de cette jirga, l'assemblée coutumière des tribus pachtounes qui peuplent les deux côtés de la frontière, une première à une telle échelle entre les deux pays voisins aux relations tourmentées. M. Karzaï inaugurait cette réunion de quelque 700 chefs tribaux et leaders religieux et politiques des deux pays, aux côtés du Premier ministre pakistanais Shaukat Aziz, coparrain de la conférence en remplacement du président Pervez Musharraf, retenu au dernier moment, officiellement pour “des engagements” dans son pays. L'idée de cette jirga avait pourtant été décidée entre les deux chefs d'Etat en septembre dernier lors d'un sommet tripartite avec le président américain George W. Bush. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Musharraf avait “envisagé” d'instaurer, avant d'y renoncer finalement jeudi, l'état d'urgence au Pakistan, invoquant les attaques incessantes des combattants islamistes pro-talibans dans son pays et les menaces de frappes aériennes américaines contre des bases présumées d'Al-Qaïda dans les zones tribales du Nord. Le président Karzaï a insisté sur le fait que les violences commises dans son pays et revendiquées par les talibans étaient “l'œuvre des ennemis de l'Afghanistan et de l'Islam” et non d'Afghans. Souvent accusé par Kaboul d'avoir soutenu, nourri, puis laissé les talibans installer des bases arrières sur son territoire, après les bombardements américains qui les ont chassés de Kaboul fin 2001, le Pakistan a toujours démenti. R. I. /Agences