Avec la hausse des prix des produits alimentaires de première nécessité intervenue ces derniers jours, le fameux budget vital établi par l'UGTA en août 2005 pour une famille de 7 personnes (un couple et leurs cinq enfants dont trois scolarisés et deux en bas âge) serait en passe d'atteindre les 27 000 DA par mois, soit un taux de 10%, environ 2% de plus par rapport à la période d'août 2003 où il était fixé à 22 970,35 DA et d'août 2005 où il a atteint 24 790,85 DA. Soit un taux d'augmentation en l'espace de deux ans de l'ordre de 7,20%, selon l'enquête de l'UGTA. Ainsi, 27 000 DA, c'est le salaire minimum indispensable que devra toucher le père de famille qui, en outre, ne doit pas fumer et ne posséder ni le téléphone portable ni le fixe. Cette érosion du pouvoir d'achat a continué à avancer à une vitesse effrénée puisque d'août 2005 à nos jours, les prix des produits et des fruits et légumes n'ont jamais cessé d'augmenter. Mais pas au rythme qu'on vient de connaître ces derniers jours. Et même si l'UGTA, qui a souvent établi les comparaisons, toujours au mois d'août, ne l'a pas encore fait pour cette année 2007, on a tenté modestement de le faire nous-mêmes d'une manière approximative en tenant compte surtout des récentes augmentations ayant ciblé, notamment les produits alimentaires de base. Ainsi, il n'est guère difficile d'imaginer l'écart qui pourrait exister entre “le budget familial” de 2005 et celui de 2007 puisque rien que pour la pomme de terre, une famille de 7 personnes doit dépenser 720 DA au lieu de 300 DA, soit une hausse de 420 DA par mois, 200 DA de plus pour le café qui vient de franchir le cap de 400 DA le kilo. Idem pour la margarine, les œufs, le fromage fondu et autres produits de première nécessité tels que la semoule qui passe de 30 DA à 35 DA le kilo, alors qu'il faudrait 7 kg par mois pour une famille de sept personnes, soit une hausse de plus de 35 DA par mois. Cette famille ne consomme pourtant pas de yaourt qui est passé de 11 DA à 13 DA le pot, ni de petit-lait qui est passé de 55 DA à 70 DA le litre, encore moins le lait en poudre cédé désormais à 180 DA le paquet au lieu de 125 DA ou le couscous, plat national par excellence, qui a sauté de 67 DA à 80 DA le paquet. Cette famille se passera aussi du fromage en portions passé de 76 à 80 DA la boîte de 16 portions ou du thon en miettes passé, lui aussi, de 92 à 100 DA le paquet de trois boîtes, comme elle évitera de faire des tartes ou de la pâtisserie dont la farine pour gâteau vient de passer à 40 DA le kilo, alors qu'elle était vendue à 35 DA le kilo. Dans cette enquête, nous n'avons pas voulu toucher aux prix de la confiture, du poulet, de la viande, du poisson, des abats, etc., bien que ces produits aient connu, eux aussi, une relative augmentation. Mais malgré cela, cette famille doit dépenser pour l'année en cours 1 500 DA de plus par rapport à 2005, et ce, uniquement pour l'alimentation. Un record jamais atteint depuis plusieurs années. Pour les autres chapitres, on a tenu compte du taux d'inflation en vigueur, sachant que parfois les prix ont doublé dans certains cas comme dans le transport en ville qui a augmenté plus de 50% dans certains endroits. Ainsi, et à titre d'exemple, le ticket de bus pour le déplacement d'un écolier du quartier Bousbaâ de Bordj Ménaïel à la cité Tahrir de la même ville coûte 10 DA, et non 5 DA. Par ailleurs, l'enquête de l'UGTA d'août 2005 a fixé pour le chapitre “transport et déplacement” toujours pour une famille de sept personnes une dépense mensuelle de 1 262,33 DA, alors qu'elle pourrait atteindre aujourd'hui près de 1 400 DA. Les autres chapitres comme l'habillement, le logement et les équipements domestiques connaissent, eux aussi, une réévaluation qui varie entre 3 et 6%, un taux qui est loin d'égaler le taux atteint par les produits alimentaires de base. Et dire qu'on pense libérer les prix des autres produits comme le lait, le pain, l'électricité, le gaz ou l'eau. Ainsi, le pouvoir d'achat des Algériens s'est érodé davantage ces dernières années, et l'augmentation du SMIG n'est pas ressentie, encore moins les dernières augmentations de salaires qui n'ont touché que 568 000 travailleurs, soit 15,66% des travailleurs du secteur économique et public, alors que dans le secteur privé, seules 100 entreprises ont fait augmenter les salaires pour leurs travailleurs sur plus de 5 000 entreprises recensées dont certaines continuent de payer leurs employés à l'ancien SMIG. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les fruits et légumes vont assurément grimper dans quelques semaines en prévision du mois sacré de Ramadhan. Et l'inflation continue… M. T.