Une famille type de sept personnes à besoin, d'au moins 24 790,85 dinars pour se nourrir un mois. Le niveau de vie du travailleur algérien va de mal en pis. Chaque année, il tire un peu plus vers le bas. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) le montre assez bien à travers son étude sur le budget vital d'une famille de sept personnes. Réalisée le mois d'août dernier, l'enquête qui a ciblé les mêmes quartiers que ceux sondés en 2003, à savoir El-Harrach, Bachdjarah, Hussein Dey, El- Madania, Belcourt, Place du 1er- Mai, Bab El-Oued et Aïn Bénian, révèle que le pouvoir d'achat de l'algérois et donc forcément de l'algérien est nettement en baisse. Il s'est érodé de 7,9% en deux années seulement. En effet, le budget familial vital est monté à 24 790,85 dinars le mois, alors qu'il était de l'ordre de 22 970,35 en août 2003. L'étude pilotée par la cellule de communication de l'UGTA conclut à une chute équivalente à 1 820,50 dinars du pouvoir d'achat des ménages, c'est-à-dire 7,9% par rapport aux résultats de la première enquête. Il faut signaler que la Centrale syndicale a repris les mêmes paramètres, le même échantillonnage et la même nomenclature des biens de services retenus en 2003 dans le budget type d'une famille de 7 personnes (2 adultes + 3 enfants scolarisés + 2 enfants en bas âge). Aussi, les dépenses mensuelles retenues par cette enquête couvrent 164 produits et cible bien sûr les mêmes points de vente caractérisés par une forte concentration ouvrière. Et les résultats obtenus sont plutôt inquiétants pour le monde du travail. Quasiment tous les prix des produits ou services introduits dans ce comptage ont enregistré une hausse entre 2003 et 2005. Ainsi, la facture alimentaire pour cette famille type a augmenté de 5,92 %, celle des soins et de l'hygiène de 13,36% alors que le budget consacré à la culture et aux loisirs a enflé de 8,20%. Au total, la famille algérienne, objet de l'étude, a dû payer en 2005, 1 927,49 dinars supplémentaires pour s'assurer les mêmes produits de large consommation qu'elle achetait en 2003. Seule consolation, il a été enregistré une légère baisse de la facture de l'habillement et la lingerie de maison de l'ordre de 106,99 dinars soit 3,30%. Les enquêteurs de l'UGTA expliquent cette lueur d'espoir dans cet océan de désespérance par “l'invasion des produits importés, notamment de Chine, de Turquie et de Syrie cédés à bas prix et l'explosion des marchés informels”. L'UGTA précise que les augmentations des prix qui ont eu lieu en 2004, notamment celles du gaz, de l'électricité, de l'eau, des transports urbains et des soins et des télécommunications de même que celles de 2005 n'ont pas été insérées dans son enquête. En d'autres termes, la facture aurait été sans doute plus salée pour la famille étudiée. Pis, l'enquête fait abstraction de toutes les autres dépenses habituelles ou inhabituelles, comme les fêtes nationales, religieuses et les mariages qui sont autant d'autres occasions qui grèvent davantage le budget des ménages. Pour la Centrale syndicale, les dépenses ainsi sériées sont loin de refléter avec exactitude le tableau de bord des factures mensuelles d'une famille de sept personnes. D'autres “sorties d'argent” se greffent immanquablement et à chaque mois à l'addition régulière, d'où l'apparition des phénomènes de l'endettement des ménages, notamment durant le mois sacré du Ramadhan et l'hypothèque des bijoux. Et, tout compte fait, les fameuses 24 790,85 dinars ne constituent pour cette famille type, qu'un revenu minimum indispensable pour vivre “normalement” d'après les conclusions des enquêteurs. En langage terre à terre : Un père d'une famille de 7 personnes devra percevoir un salaire d'au mois égal à 25 000 dinars pour pouvoir faire face “dignement à ses besoins essentiels habituels”. Et lorsqu'on connaît le niveau des salaires des algériens, il est loisible de conclure que même un professeur du secondaire fait ici figure de pauvre. Ces chiffres confirment, toute proportion gardée, que le phénomène de déclassement des algériens atteint la côte d'alerte. Hassan Moali