La bombe actionnée à distance par téléphone portable était dissimulée sous le siège du conducteur. Mustapha Kertali, l'ex-“émir” de l'AIS a été victime, très tôt hier matin à Larbaâ, dans la wilaya de Blida, d'un attentat à la bombe, alors qu'il était au volant de sa voiture. Les habitants du quartier Cheikh-El-Mokrani plus connu sous le nom de “Djiboulou” à Larbaâ, dans la wilaya de Blida, ont été tirés de leur sommeil, hier à cinq heures du matin, par une forte explosion. “Je dormais lorsque j'ai entendu une forte déflagration. Il était 5 heures. C'était juste après la prière du fedjr”, affirme un riverain. Ce dernier ajoute qu'en sortant de chez lui, comme de nombreux voisins d'ailleurs, il avait remarqué de la fumée qui sortait d'un véhicule de marque Renault Clio Classique, immobilisé au milieu de la chaussée. “Lorsque je me suis approché, j'ai reconnu Mustapha Kertali affaissé de tout son poids sur le volant de son véhicule. Je pensais, au début, qu'il était mort, mais j'ai remarqué qu'il respirait encore. Certes difficilement, mais il respirait encore. J'en suis certain”, ajoute le même témoin. Alertées par les voisins, les forces de police ont immédiatement investi les lieux qu'ils ont bouclés pour ne pas altérer la “scène” de l'attentat. La victime a été aussitôt transportée vers l'hôpital de Zmirli à El-Harrach où elle a été admise en urgence au bloc opératoire. L'attentat qui a ciblé l'ex-“émir” de l'AIS et du GIA a été minutieusement préparé par ses auteurs qui ont piégé la voiture de Kertali, alors qu'il accomplissait la prière du fedjr à la mosquée Hamza au centre-ville de Larbaâ. Poursuivant sûrement à distance leur cible, les auteurs de l'attentat ont fait exploser à l'aide d'un téléphone portable la bombe qu'ils avaient dissimulée sous le siège du conducteur. L'attentat a été perpétré alors que la victime était en route pour se rendre sur ses terres situées à Beni Tamou. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux de l'attentat, vers les coups de 10 heures, tout le quartier était bouclé et les éléments de la police scientifique étaient occupés à recueillir tous les indices pouvant être utiles à l'enquête. “Ne vous approchez pas de la scène de l'attentat”, nous intime un officier de la police. Les riverains suivent de loin le travail des policiers. “Qui ne connaît pas Mustapha Kertali à Larbaâ ? Il était le maire de la ville après les élections communales remportées par le FIS dissous, en juin 1990. Après l'annulation des législatives de décembre 1991, Kertali était encore maire de notre commune. Il est monté au maquis et fut nommé “émir” de l'AIS pour la région de Larbaâ. Il rejoint ensuite les rangs du Groupe islamique armé (GIA). Il cessa ses activités terroristes en 1997 et a bénéficié des dispositions de la loi sur la Rahma initiée par l'ancien président de la république Zeroual”, affirme un homme originaire de Larbaâ qui tient à rappeler que la victime est “un fils de chahid”. À l'hôpital Zmirli, les activités médicales sont normalement assurées. Au pavillon des urgences, des malades et des blessés sont pris en charge et rares parmi les consultants sont ceux qui sont au courant de l'attentat ayant visé Kertali. Ce dernier a été pris en charge très tôt le matin et dès son arrivée, il a été transféré au bloc opératoire d'où il n'est sorti que vers les coups de 11h30. Les médecins ont été obligés de l'amputer de son membre inférieur droit, et selon des informations confirmées, les jours de Kertali ne sont plus en danger. Il est gardé en observation au service d'orthopédie situé au 4e étage du bloc d'hospitalisation de l'hôpital. Des témoins ont affirmé, par ailleurs, que Ali Benhadj et Abdelhak Layada se sont rendus à l'hôpital Zmirli sans pour autant réussir à voir leur “ami”. Saïd Ibrahim