Dans un communiqué, Droukdel a revendiqué l'attentat contre Kertali, mais en évoquant l'hypothèse difficile à croire d'un “acte isolé”. L'attentat qui a visé l'ancien dirigeant de l'Armée islamique du salut (AIS), Mustapha Kertali, le 14 août dernier à Larbâa, a été commis par un membre de la branche armée d'al-Qaïda au pays du Maghreb islamique, nouvelle appellation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), mais l'organisation dirigée par Abdelmalek Droukdel nie toute responsabilité dans cette opération. Dans un communiqué signé par Droukdel, l'ex-GSPC a reconnu que l'attentat a été perpétré par l'un de ses membres, mais a soutenu que la direction du groupe terroriste n'a pas donné son aval à cette opération qui a failli coûter la vie à l'ancien maire de Larbâa sous les couleurs de l'ex-Front islamique du salut (FIS dissous). “Nous n'avons pas ordonné l'attentat à l'explosif qui a visé Mustapha Kertali. Cet attentat est une faute dont nous assumons les conséquences devant Dieu et devant la nation musulmane”, a affirmé l'“émir” (chef) d'al-Qaïda au Maghreb, dans un texte transmis, hier, par fax à la rédaction. Mustapha Kertali avait été grièvement blessé le mardi 14 août à l'aube, dans un attentat à la bombe, alors qu'il s'apprêtait à s'installer dans sa voiture à la sortie d'une mosquée de Larbâa où il venait d'accomplir la prière d'el-fedjr. Grièvement blessé, il avait été transporté à l'hôpital Zmerli, à El-Harrach, où il avait été amputé d'une jambe. L'organisation de Abdelmalek Droukdel tente ainsi de se disculper en présentant l'attentat contre Mustapha Kertali comme un acte isolé et individuel qui n'a pas eu l'onction des responsables de l'ex-GSPC. “L'attentat a été commis par l'un de nos éléments qui n'a pas consulté la direction de l'organisation”, souligne le texte. L'attentat contre Kertali est-il un acte isolé, comme tente de le faire croire le chef d'al-Qaïda au pays du Maghreb, où annonce-t-il l'avènement d'une nouvelle forme de terrorisme islamiste, prenant pour cibles d'anciens chefs terroristes ayant renoncé au maquis ? En l'absence d'informations précises sur l'auteur de cette opération permettant de dresser son profil psychologique et de renseigner sur ses motivations, la thèse de l'acte isolé est à prendre avec des pincettes pour le moment. En revanche, la thèse d'un attentat planifié par la direction du GSPC paraît tout à fait plausible. Le choix de la cible, une figure de proue de l'islamisme radical en Algérie, ne peut être le fait d'un terroriste seul. En tout cas, Droukdel aura du mal à convaincre les radicaux de la mouvance islamiste, auquel le communiqué semble être destiné en premier lieu, qu'un terroriste seul est parvenu à faire exploser une bombe en plein centre de Larbâa, sans l'aide organisationnelle ou logistique d'autres membres du groupe. Craignant sans doute d'être discrédité auprès des anciens chefs islamistes à l'image de l'ancien chef de l'AIS, Madani Mezrag, qui avait estimé que “Kertali était une carte forte et gagnante”, Abdelmalek Droukdel, déjà en mauvaise posture depuis la reddition d'un influent membre de son organisation, tente de trouver une parade. Le chef d'al-Qaïda au pays du Maghreb n'a pas hésité à appeler, dans son communiqué, Mustapha Kertali à reprendre les armes, en lui reprochant d'avoir approuvé la politique de la réconciliation nationale qui a permis la libération de plus de 2 000 terroristes et les redditions de quelque 300 autres. Abdelmalek Droukdel n'a pas manqué au passage de rappeler à Kertali son passé dans le maquis islamiste. Quoi qu'il en soit, l'attentat contre Mustapha Kertali est intervenu dans une période où l'ex-GSPC, affaibli militairement, redoute une saignée dans ses rangs après la reddition en juillet de l'ancien “émir” de la zone 9 (sud du pays) Benmessaoud Abdelkader, alias Mossâab Abou Daoud, qui s'emploie actuellement à convaincre ses anciens compagnons de suivre son chemin. Des sources sécuritaires estiment que le dernier communiqué d'al-Qaïda traduit l'ampleur du désarroi dans lequel se trouve ce groupe terroriste et augure d'une déconfiture proche. En effet, c'est la première fois depuis sa création en 1998 que l'ex-GSPC reconnaît publiquement qu'un acte terroriste commis par un de ses membres est “une faute”. R. B.