L'ex-émir du GIA de la région de Larbâa a été victime, hier, d'un attentat alors qu'il venait d'accomplir la prière du Fadjr. Mustapha Kartali. Un chef islamiste repenti a été grièvement blessé, hier à l'aube, dans un attentat à la bombe attribué à un groupe islamiste, a-t-on appris auprès des services de sécurité. Agé de 55 ans, l'ex- chef islamiste qui s'est rendu en 1999 aux autorités en bénéficiant des mesures de la «concorde nationale» initiée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en faveur des islamistes armés repentis, se rend, comme à l'accoutumée, après la prière de l'aube, à une boulangerie sise boulevard Cheikh El Mokrani. Il était 5h15 quand une bombe placée dans la voiture de Kartali explose. Conduit immédiatement à l'hôpital Zemirli, à El Harrach, Kertali est amputé de la jambe droite. Acte terroriste ou règlement de compte? Selon les proches de Kartali ainsi que les anciennes figures de l'AIS rencontrés à l'hôpital Salim Zemerli, la deuxième piste est privilégiée car une seule personne était visée. Qui a placé cette bombe dans la voiture de l'ex-maire de Larbaâ? Il semble, d'après les premiers éléments de l'enquête, que la bombe a été mise au moment où Kartali se trouvait à la mosquée. Par ailleurs, un de ses proches, rencontré près du domicile de l'ex-chef islamiste, estime que la bombe a été déposée au moment où Kartali accomplissait sa prière à la mosquée Hamza. «Il s'agit inéluctablement d'une personne qui connaît ses habitudes» a-t-il ajouté, les larmes aux yeux. Une fois sur le lieu de l'attentat, on a constaté, de visu, les dégâts causés à son véhicule. Un responsable de l'ANP s'est contenté de nous dire que ce genre d'attentat est inévitable malgré la vigilance déployée. Ils sont partout, a-t-il dit. Les citoyens, quant à eux, à l'image de ce jeune dont la boutique jouxte le lieu de l'explosion, pensait à un coup de tonnerre. Craignant d'autres explosions, les corps sécuritaires ont renforcé leurs effectifs durant toute la journée d'hier. Ce sont les citoyens, avec leur propres moyens qui ont évacué l'ex-émir du GIA -le plus sanguinaire des groupes islamistes algériens- à la polyclinique la plus proche. Constatant son état, les médecins ont jugé nécessaire de transférer la victime à l'hôpital Zemirli, à El Harrach. De nombreux anciens membres du GIA se sont présentés à l'hôpital pour demander des nouvelles de Kartali. Dans la matinée, on nous a refusé de voir la victime. Même son propre fils a été empêché. Ce jeune aux yeux interrogateurs craignait de ne plus revoir son père. L'ex-n°2 du FIS-dissous, Ali Benhadj, est arrivé aux alentours de 10 heures 30. Rencontré dans l'après-midi, l'ancien dirigeant de l'ex-FIS, Abdelkader Boukhamkham a déclaré à la presse qu'il dénonce ce genre d'acte qui met en péril la vie des citoyens. L'ex-responsable au sein de l'ex-FIS a mis à profit ce douloureux événement pour tirer à boulets rouges sur les différentes institutions de l'Etat, les accusant d'un laisser-aller sans précédent. Notons que l'attentat contre Kartali n'est, en fait, pas le premier que subit, ou a subi, un repenti ou d'anciens émirs qui comme l'ancien chef de katibet El Rahmane, ont eu à subir la colère de leurs anciens acolytes qui leur reprochent d'avoir soutenu la politique de réconciliation nationale initiée par le chef de l'Etat.