La décision de la Fédération algérienne de football de porter le nombre des clubs de la seconde division, ou si vous préférez la super D2, à 19 équipes au lieu de 18 est plus proche du loufoque que du populaire. Mue par le souci de ménager la chèvre et le chou, la décision de la plus haute instance du football est l'incarnation même d'une politique burlesque de fuite en avant qui consiste surtout à éviter de nouveaux développements encombrants dans cette affaire où personne — que ce soit dirigeants de football ou simples acteurs — n'a respecté la loi. Du coup, ce sont les fondements mêmes du football algérien qui se trouvent piétinés sur l'autel d'un arrangement honteux qui ne dit pas son nom. Sinon comment expliquer qu'une simple décision fédérale puisse remettre en cause un système de compétitions ? En effet, c'est bel et bien de ça qu'il s'agit puisque avec 19 clubs, il y aura à chaque journée un club exempt, sans oublier les conséquences sur les autres divisions inférieures avec ce phénomène de cascade inévitable dans la mesure où à chaque palier, il faudra remplacer le club manquant. Un système de compétitions approuvé par une assemblée générale, ce qui sous-entend que toute modification à ce niveau passe par l'approbation de l'auguste AG. Les statuts de la FAF sont clairs là-dessus, tout changement de système de compétitions doit passer par l'aval de l'AG, ce que la FAF a sciemment ignoré pour liquider un dossier pour le moins que l'on puisse dire suspect. Rappel des faits : au terme de la saison 2006-2007, le club de l'USMBA est rétrogradé de la D2 interrégions. Cependant, les responsables bélabessiens découvrent que lors du dernier match NRB Réghaïa-AS Boussaâda (0-2), ce dernier club a fait entrer un joueur suspendu. Ils adressent ainsi un rapport détaillé à la LNF lui demandant de faire appliquer la loi en ce qui concerne la participation d'un joueur suspendu à une rencontre officielle. Sous la pression, notamment des médias qui crient au scandale, le président de la Ligue nationale, M. Ali Malek, qui avait au début refusé de donner suite à la plainte de la LNF sous prétexte que l'USMBA n'est pas partie prenante dans le match “incriminé”, décide d'ouvrir le dossier. Ouvrons juste une parenthèse pour rappeler que l'Algérie avait été éliminée de la CAN 94 dans l'affaire Karouf non pas sur la base d'une plainte d'un adversaire direct, en l'occurrence le Sénégal, mais plutôt sur la base d'un rapport de la CAF qui avait découvert, grâce à un “informateur algérien”, que le joueur Karouf avait effectivement pris part à une rencontre comptant pour les éliminatoires de la CAN 94 tout en étant suspendu. Quelques jours plus tard, le verdict de la LNF tombe : l'ABS a triché et se voit donc défalquer de son capital trois points en plus de la perte sur tapis vert de la rencontre face au NRB Réghaïa. Conséquence directe, l'ABS se retrouve reléguée en inter-régions et l'USMB repêchée. Des émeutes éclatent à Boussaâda et provoquent des dégâts énormes. L'ordre public est difficilement rétabli sur place après plusieurs jours d'actes de vandalisme. L'ABS décide toutefois de déposer un recours au niveau de la FAF, mais cette dernière confirme la décision de la LNF. L'ABS revient à la charge et porte l'affaire devant le tribunal du sport, une structure presque inexistante, remise sur pied pour les besoins de ce contentieux. Contre toute attente, le TAS déjuge la LNF et la FAF, et donne gain de cause à l'ABS. Le TAS décide même d'une chose et son contraire. D'un côté, il dédouane l'ABS et, de l'autre, il suspend le joueur concerné (Kacemi) pour quatre matches. C'est-à-dire qu'il impute la faute à l'ABS sans pour autant lui faire payer les conséquences sur le plan réglementaire. De là à dire donc que la composante du TAS est peu informée des règlements du football qu'il doit respecter en premier lieu, il n'y a qu'un pas à franchir. Prise un peu au dépourvu par la décision du TAS, la FAF fait de la résistance en déclarant qu'elle n'appliquera pas une décision d'une structure qu'elle ne reconnaît pas (le TAS) quitte à aller devant la FIFA. Le président de la FAF déclare même dans la presse que la décision du TAS ne la concerne pas. Cependant, à travers un communiqué laconique publié sur le site de la FAF et celui de la LNF, la FAF cède à des pressions venues, visiblement, d'en haut ou presque puisque l'instance fédérale choisit plutôt de couper la poire en deux. En maintenant l'ABS et l'USMBA, la fédération fait dans le “tout le monde est content”. Seulement voilà, en optant pour cette solution, la FAF foule aux pieds sa propre réglementation et crée un grave précédent. Désormais, rien n'empêche une équipe de faire jouer un élément suspendu dans la mesure où l'ABS l'a bien fait sans être finalement inquiétée. Quelle sera l'attitude de la LNF et de la FAF lors de la prochaine saison devant un cas similaire ? C'est là où réside en fait le piège ! SAMIR B. Le communiqué officiel de la FAF Le club de l'A. Boussaâda ne sera pas rétrogradé. L'USM Bel-Abbès est également maintenue en championnat national de division deux qui comprendra désormais 19 clubs. Suite à cette décision de la FAF, le calendrier sera réaménagé cette semaine, mais la première journée du calendrier initial, qui aura lieu le 24 août prochain, restera la même, avec l'ABS comme club exempt. Ce dernier devra procéder à son engagement auprès de la Ligue nationale avant mercredi prochain.