Menacé par les phénomènes climatiques, condamné par le réchauffement de la planète et la pollution, l'or rouge est également victime d'une exportation sauvage vers l'Europe pour orner les cous de belles dames. Le pillage met en danger un milieu particulièrement fragile. Espèce animale, le corail, s'il est dégradé, met des années à se reconstituer (à raison de deux à six millimètres par an), quand il ne disparaît pas tout simplement. Ces ravages ne sont pas l'œuvre d'artisans véreux ou de mystérieux pirates des mers chaudes. Les vrais coupables ne sont autres qu'une mafia déguisée en touristes qui profitent des charmes de la côte algérienne, ou de pêcheurs attirés par le gain facile. “Le commerce du corail rapporte gros, puisqu'un kilogramme coûte 800 euros, mais certaines branches, tel que le corail blanc, peuvent atteindre 15 000 euros la pièce. C'est la raison qui fait que le pillage prend de l'ampleur d'année en année. Les statistiques disponibles concernant la pêche au corail rouge le long des côtes algériennes montrent que les quantités de corail pêché ont triplé. Elles sont passées de 4,2 tonnes en 1984 à 12 tonnes en 1991.” Cette déclaration est de Hocine Bellout, président de la Commission nationale des marins pêcheurs, qui a animé un point de presse hier à ce sujet. Selon notre interlocuteur, il s'agit de l'exploitation sauvage introduite ces dernières années sur l'ensemble des côtes algériennes, notamment celles d'El-Kala où est enregistré le plus grand taux de ce trafic. Pas mois de 80 Zodiacs pêchent illicitement dans cette réserve naturelle, utilisant ainsi tout les moyens rapides pour collecter le plus possible de branches de corail. On apprend, également, que 600 kg ont été saisis en 2005. M. Bellout explique que la pêche illicite, de manière sauvage, a été constatée en janvier 2006. Depuis cette année, de jeunes colonies de corail ont été détruites par de lourds madriers qu'utilisent les pêcheurs clandestins, qui consistent à attacher les filets qui s'accrochent aux branchettes. La croix de St-André demeure néanmoins la plus dévastatrice, car il s'agit d'un engin fabriqué avec un objet en fer qui est traîné à des profondeurs de plus de 85 mètres (pêche à la traîne). Pis encore, dans certaines régions comme Collo, Bouharoune ou Mostaganem, une nouvelle forme de pêche est apparue : la pêche à la dynamite qui détruit toutes les espèces, notamment le corail sur un rayon de 50 km. Cependant, le responsable de la Commission nationale des marins pêcheurs tire la sonnette d'alarme et interpelle les autorités concernées pour plus de protection et, éventuellement, la création d'une police de la pêche. Il est à noter que la pêche au corail est fermée depuis 1998. Elle sera rouverte en 2008 après la fin des études, confiées à des spécialistes étrangers du Centre d'océanologie de Marseille (Créocéan) pour un montant de près de 2 millions d'euros, en septembre 2005, spécialiste mondial du corail rattaché au CNRS, ainsi que la Comex qui fournira les moyens d'exploration. On apprend par notre interlocuteur que l'expertise de Créocéan a été achevée ; elle sera remise incessamment au ministère de la Pêche. Le conférencier a également annoncé la possibilité de donner des autorisations d'exploitation de quelque 600 espèces d'algues marines pour l'utilisation dans les cosmétiques, la consommation ou la médecine. Par ailleurs, au sujet de la production du poisson et de sa cherté sur le marché, M. Bellout a assuré que dans les marchés de gros, les prix sont abordables et que ce sont les intermédiaires qui le rendent plus cher. C'est dans ce sens qu'est préconisée la construction de poissonneries dans chaque commune du pays, afin d'éviter le renchérissement de ce produit et pour entretenir une bonne hygiène. Il n'a pas manqué par la même occasion de dénoncer le manque d'hygiène qui caractérise les marchés de poisson existants. Nabila Afroun