Le manque de main-d'œuvre et de matériel agricole, les coûts excessifs de l'alimentation sont autant de facteurs à l'origine du déclin de cette activité dans la région des Aurès. L'élevage bovin, à travers le territoire de la commune de Chemora, a nettement reculé ces trois dernières décennies avec une nette régression de la taille des troupeaux et une diminution du nombre d'exploitations, même celui des petites unités agricoles. Le cheptel bovin à travers la commune est évalué approximativement “entre 250 et 300 têtes, si ce n'est pas moins”, nous apprend un agriculteur de la région. Que ce soit les races “laitières spécialisées, les races mixtes, les races rustiques ou locales, leur nombre est insignifiant par rapport aux vastes plaines de la région”. Ces régressions, les agriculteurs les expliquent par divers facteurs. L'argument qui revient le plus dans les discussions concerne les coûts associés à l'alimentation des animaux, l'entretien et la main-d'œuvre. “L'élevage bovin est une activité fondée essentiellement sur le pâturage. Ces dernières décennies, les pâturages se sont beaucoup réduits en l'absence d'eaux pluviales et d'irrigation qui se sont raréfiées”, nous explique un agriculteur de profession, qui fait observer que “maintenant les vaches laitières vivent la plus grande partie de l'année dans les étables”. Ce type d'alimentation revient excessivement cher, sachant que la vache consomme quotidiennement de 50 à 80 kilogrammes de nourriture, la botte de foin de la région coûte 180 DA et l'orge entre 1 900 et 2 200 DA alors que dans les moments de pénurie, il atteint les 3 000 DA. Cette hausse des prix additionnée aux frais d'entretien et de main-d'œuvre ont obligé beaucoup de fellahs à se détourner de cette activité agricole. Même l'absence d'eau en quantité pour l'alimentation des animaux a contribué à la baisse du cheptel bovin, sachant que la vache absorbe quotidiennement de 60 à 100 litres d'eau. Tous les témoignages des fellahs concordent : “Sans forages, il est difficile de pratiquer cette activité d'élevage.” Ajoutez à cela, le savoir-faire des éleveurs et le manque de matériel agricole relatif à l'élevage, à l'exemple des trayeuses automatiques pour multiplier les cadences des traites. Les jeunes de la région rebutent l'élevage qu'ils disent dur et astreignant, ils préfèrent les activités tertiaires. Enfin, on signale les frais de vaccination et le prix d'achat des bovins qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses des paysans, dont la plupart vit au-dessous du seuil de pauvreté, car la perte d'un de ces animaux est considérée comme une descente aux enfers. B. BOUMAILA