“Généralement, les enfants ne sont pas enlevés pour être tués. Ce sont les circonstances, notamment la pression médiatique, qui poussent les ravisseurs à mettre fin à la vie de leurs otages pour s'en débarrasser. Dans nos statistiques, les enlèvements suivis d'agressions sexuelles sont comptabilisés dans la catégorie des violences sexuelles, du fait que la qualification est plus lourde que le kidnapping”, a expliqué Mme Messaoudène. Ainsi, elle affirme que durant les cinq premiers mois de l'année en cours, 735 enfants ont subi des violences sexuelles dont 6 cas d'inceste. Un chiffre en hausse comparé à celui de l'année écoulée, puisque les services de police ont enregistré, en 2006, 1 474 cas d'abus sexuels. Les auteurs de ces violences sont, dans la majorité des cas, une connaissance des victimes. Leurs actes évoluent chaque année vers la perversion la plus répugnante. “Avant, il n'y avait que les viols dans la catégorie des agressions sexuelles. Aujourd'hui, les pédophiles obligent leurs victimes à faire des actes contre nature. Nous sommes devant des pervers de tous genres”, s'indigne l'officier. Elle reconnaît que le nombre des enlèvements a tendance à augmenter chaque année, puisqu'en 2006, 108 enfants ont été kidnappés dont 74 filles et 34 garçons. “Les filles sont généralement plus vulnérables et plus sujettes aux agressions sexuelles, but recherché souvent par les ravisseurs. Durant la même période, 18 enfants ont été tués à la suite de leur rapt dont 12 garçons et 6 filles”, précise notre interlocutrice. Au sujet des lieux privilégiés pour commettre ces crimes, les services de police constatent que les ravisseurs choisissent souvent les alentours de la maison familiale, des écoles ou l'itinéraire reliant les deux lieux. Pour ce qui est des auteurs, les enquêtes ont démontré que la famille vient en première position. L'enfant victime de rapt suit son ravisseur souvent parce qu'il s'agit d'une connaissance familiale. “Le cas du petit Walid de Kouba est très indicatif. C'est sa tante paternelle qui l'a enlevé par vengeance. Elle l'a étouffé en présence de sa fille âgée d'à peine 10 ans, puis mis le corps dans une valise qu'elle a gardée chez elle”, raconte Mme Messaoudène. Elle reste catégorique en ce qui concerne les rumeurs sur les vols d'organes des enfants victimes d'enlèvement. “Nous n'avons jamais enregistré de tels cas. Ce sont des rumeurs sans fondement. Il faut des moyens techniques très sophistiqués pour enlever un organe et le maintenir en vie”, explique l'officier. Pour elle, il est urgent de sensibiliser les citoyens, notamment les parents, sur une plus grande vigilance. “Les causes réelles de ces enlèvements ou disparitions restent, en premier lieu, le manque de vigilance de la famille, mais aussi la passivité des citoyens”, dit-elle. Pour étayer ses propos, elle citera les cas de tentative de rapt ayant échoué grâce à la réaction rapide et au civisme de certains citoyens. Elle insiste, également, sur la dénonciation et l'inconscience de certains parents qui laissent leurs enfants en bas âge jouer dans la rue, où seuls dans une voiture, ou faire seuls le trajet jusqu'à l'école. Concernant la dénonciation, on citera, également, le cas d'un père qui prenait son fils âgé de 11 ans sur son lieu de travail et le laissait s'amuser avec un de ces collègues. Le soir, le petit garçon décrit à ses parent ce que son agresseur l'a obligé à faire. Le père, qui a déposé plainte, a dû la retirer après avoir subi des pressions de la part de directeur de l'entreprise. Parfois, les choses qu'on ne dénonce pas ont plus de conséquences. N. A.