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“La génération qui a 20 ans aujourd'hui n'a connu que la violence…”
Mme Dalila Djerbal, sociologue et membre du réseau Wassila, à Liberté
Publié dans Liberté le 20 - 08 - 2007

Dans cet entretien, la sociologue et membre du réseau Wassila revient sur les raisons du phénomène des kidnappings et de la violence à l'égard des enfants, notamment les abus sexuels. Elle pointe les origines historiques de la violence en général, notamment dans un pays qui a connu plus de dix ans de terrorisme…
Liberté : Comment peut-on expliquer l'accroissement du phénomène des kidnappings et des violences contre les enfants ?
Mme Dalila Djerbal : Le phénomène du kidnapping des enfants est nouveau. Un seul cas avait été signalé durant les années 1970, il s'agissait du fils d'un ministre. Le kidnappeur a été condamné à la peine capitale, puis exécuté. Signalons que cette nouvelle forme de criminalité, qui vient s'ajouter à d'autres, a été introduite par les groupes terroristes. Nous devons considérer que nous sommes, sans doute, dans la situation “d'après-terrorisme”, dans la mesure où la violence a “diminué”, mais elle reste toujours latente. Ce problème n'est pas encore réglé. Bien au contraire, il s'est aggravé, car nul n'a défini les bases et les principes sur lesquels se construit une paix sociale. Le fonctionnement de la société a été gravement compromis par l'amnistie des crimes commis en toute impunité.
La société algérienne a-t-elle perdu ses repères ?
Pour répondre à cette question, il faut s'interroger : qu'a-t-on vu ces dernières années ? D'abord un bouleversement politique et social qui a engendré des tensions exacerbées, ensuite la promulgation de la loi portant sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une loi d'amnistie qui a effacé tous les morts et toutes les souffrances de quinze années de tragédie nationale, puis réhabilité des individus qui ont tué, violé, assassiné et commis les pires des crimes. S'ajoute à cela la corruption qui gangrène tous les rouages de l'Etat et la vie quotidienne des citoyens. Tout cela a contribué à vider la société de son sens moral. La génération qui a 20 ans aujourd'hui n'a connu que la violence, la corruption et l'impunité. Si tout est devenu possible et permis, en ce moment, c'est qu'il y a confusion des normes et des règles.
Mais comment explique-t-on ce phénomène de violence ?
Du fait de son histoire, notre société est très violente. Les rapports des gens entre eux sont marqués par des divergences d'opinions qui se traduisent rapidement en violence, que ce soit l'agression verbale ou physique. Dans notre société, la violence est une marque de virilité. Un individu pacifique est considéré comme un être faible. Il suffit de détenir une petite parcelle de pouvoir pour exercer sa domination. Parce que les individus ne peuvent pas atteindre leurs objectifs dans la vie, parce qu'ils ne peuvent pas réaliser leurs aspirations, ils vont acquérir par la force et par la violence tout ce qui leur manque, quitte à transgresser les lois et les tabous. C'est ce processus qui entraîne une criminalité galopante.
Peut-on dire que nous assistons à une banalisation de la violence ?
La violence est un mode de comportement “naturel” que nous n'avons pas suffisamment dénoncé. Ce qui est inquiétant, ce n'est de ne pas prendre de réelles mesures de sanction. Elle est présente dans toute la société, mais aujourd'hui, on voit des faits extrêmes qui se répètent d'une manière effarante. Notons que la violence a toujours régi les rapports familiaux et il est inconcevable de se plaindre, notamment pour les femmes et les enfants. Par exemple, on a toujours trouvé normal d'utiliser la violence, de frapper un enfant, comme méthode d'éducation, mais en plus on donne ce pouvoir absolu au maître, aux voisins… L'enfant est “offert” à l'adulte, et il est préparé à accepter tout.
C'est cette autorité qui permet certains abus...
Si le rapt est un nouveau phénomène, la violence et l'agression sexuelle envers les enfants ne le sont pas. Elles ont toujours existé, car c'est tellement facile de s'attaquer à un être faible. L'enfant n'est pas considéré comme une personne qu'on consulte pour ses opinions, ses idées, ses avis. On le nourrit, on le soigne, on l'habille et on lui offre même quelques jours de vacances. Mais il doit être une “copie” de l'adulte. Dans le cas des agressions sexuelles, l'enfant ne parle jamais car il est terrorisé et ne comprend pas ce qui lui arrive. Parce qu'on lui a toujours dit qu'il ne faut jamais se mesurer à un adulte qui a toujours raison. C'est toute cette atmosphère qui fait que les violences sexuelles sur les enfants sont possibles. Ce n'est que maintenant qu'on commence à peine à leur apprendre qu'ils sont des personnes à part entière et nul ne doit toucher leur corps ou les manipuler comme des objets.
Quelles sont les conséquences des violences sexuelles ?
Elles sont inimaginables : renfermement sur soi-même, coupure du monde réel, retard scolaire, pathologies liées au traumatisme physique, voire à la mort. Quant aux agresseurs sexuels, ils sont, dans la majorité des cas, des personnes que l'enfant connaît ou des membres de sa famille.
N. A./W. L.


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