Raccourcir les délais d'ouverture des enquêtes relatives aux kidnappings et disparitions a été également proposé par les intervenants lors de l'émission organisée par la radio Chaîne 1. Vols, agressions, trafic de drogue et violences urbaines… à tous ces phénomènes vient se greffer une autre forme de criminalité : le kidnapping et la pédophilie. Un sujet délicat que la radio Chaîne I a choisi d'aborder, lors d'un débat organisé à la veille de la Journée mondiale de l'enfance. Farid, Yacine, Sahar, Walid, Chahinez… La liste est encore longue, tous des mineurs qui ont subi les pires sévices corporels infligés par leur ravisseur. Leurs parents ne les ont jamais retrouvés vivants. Le bilan dévoilé, hier, par le représentant de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), M. Abed Hassen, atteste de la gravité de la situation. Rien que pour le 1er trimestre de l'année 2008, la police a enregistré près de 632 cas d'abus sexuel sur mineur, 61 cas de disparition et quatre cas de kidnapping dont deux enquêtes résolues et un retrouvé mort après avoir subi des abus sexuels. La gendarmerie a révélé, pour sa part, 14 cas de kidnapping suivi de violences et de sévices sexuels, dont 12 garçons et 2 filles. Notons que l'année dernière, la gendarmerie a enregistré 140 cas de rapt et de violence à l'égard de mineurs, faisant 108 victimes et 147 personnes arrêtées. La police a également indiqué que durant l'année 2007, près de 1 546 cas d'abus sexuel sur mineur ont été comptabilisés, 7 cas de kidnapping et 146 disparitions. M. Abed Hassen a expliqué qu'il s'agit souvent de fugues plutôt que de disparitions. “C'est la période qui suit les résultats scolaires qui est la plus propice à ce phénomène. Lorsque les élèves se rendent compte qu'ils ont eu de mauvais résultats, ils décident de fuguer le temps que leurs parents s'inquiètent pour eux et oublient leur échec”. Comme le reste des intervenants dans la prise en charge des sévices sexuels sur mineurs, l'officier est convaincu que le nombre d'affaires ne représente pas la réalité. “Les victimes révèlent rarement, ce qui leur est arrivé. Et puis, souvent, leurs parents leur interdisent d'en parler, surtout quand le coupable est un membre de la famille”, note-t-il. Pour les sociologues ainsi que les avocats, ce phénomène est lié aux conséquences des 15 ans de terrorisme qu'a connus le pays, et notamment à la perte des repères de la société algérienne. Le représentant du ministère des Affaires religieuses a estimé qu'il faut durcir les condamnations pour les auteurs de ces crimes. Me Benbrahem n'a pas manqué de préciser le vide juridique existant dans le code pénal concernant le kidnapping et la violence sexuelle sur mineur. Elle a relevé également la nécessité du travail des législateurs sur la définition juridique du kidnapping et d'enlèvement. Abondant dans le même sens, elle a suggéré de revoir les délais d'ouverture d'enquêtes lors de dépôt d'une plainte. “Il faut ouvrir l'enquête deux heures après le dépôt d'une plainte. Il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer en 48 heures, et les chances de retrouver l'enfant sain et sauf seront minimes. Il faut revoir cette procédure” a-t-elle insisté. Me Ksentini, représentant de l'observatoire des droits de l'Homme, a proposé d'ouvrir carrément un tribunal spécialisé dans le traitement des cas de violence à l'égard des mineurs, notamment le kidnapping et l'abus sexuel. Par ailleurs, répondant à la question de la présence des réseaux de trafique d'enfants en Algérie, le représentant de la DGSN a affirmé aucun cas n'a été enregistré et aucune enquête n'a été ouverte par la Sûreté nationale. Il y a quelque jours, le ministre de l'Intérieur, M. Zerhouni, avait déclaré que les services de sécurité ont enregistré deux cas de trafic d'organes : un en 2007, et un autre récemment. “Il n'y a pas longtemps, dans la région frontalière avec le Maroc, un homme a voulu kidnapper une enfant de deux ans. Après son arrestation, il a avoué qu'il vendait les enfants à une clinique située à Oujda au Maroc”. Nabila Afroun