Même si la littérature salafiste est truffée d'allusions hostiles aux réconciliateurs issus de ses rangs, le GSPC semble ne pas vouloir s'en prendre à ceux-là mêmes qui peuvent représenter pour lui une porte dérobée vers le repentir et la reddition. Désolé. On ne savait pas. Réellement navré. Le GSPC s'est confondu en plates excuses sur l'attentat qui avait ciblé Mustapha Kertali, revendiqué, mais attribué à un “terroriste isolé”. De quoi friser le tragicomique. Ainsi, Droudkel, “émir” de la fameuse al-Qaïda, évoque une erreur de casting pour qualifier l'attentat manqué contre son ancien “collègue” de l'AIS ; exécuté sans le consentement des chefs salafistes. Le GSPC ne voulait pas de mal à Kertali qui n'était pas, et n'est toujours pas, considéré comme une cible. Jamais le GSPC ne s'est fendu d'un communiqué pour revendiquer un attentat par erreur. Une attitude qui en dit long sur la décrépitude de la situation de “commandement” au sein du groupe salafiste qui se voit obligé de presque s'excuser d'avoir posé une bombe dans la voiture de kertali. Le premier enseignement de ce communiqué du GSPC est que le groupe n'avait pas programmé Kertali. Cela suppose que malgré ce que prétend l'ex-“émir” de l'AIS, il n'est en rien considéré par ses anciens camarades comme étant une cible à abattre. Il faut dire qu'on ne s'entretue pas entre islamistes. Le second enseignement est que le GSPC ne condamne pas foncièrement les partisans de la réconciliation nationale. Même si la littérature salafiste est truffée d'allusions hostiles aux réconciliateurs issus de ses rangs, il semble ne pas vouloir s'en prendre à ceux-là mêmes qui peuvent représenter pour lui une porte dérobée vers le repentir et la reddition. Le calcul paraît machiavélique : on ne flingue pas ceux qui pourraient être nos avocats dans un futur proche. Troisième et dernier enseignement, la cacophonie actuelle au sein du GSPC est réelle. Les révélations d'Abou Daoud ont affaibli considérablement le mouvement terroriste, et cet attentat qui ressemble à s'y méprendre à ce que les militaires américains appellent un “friendly shoot” (un tir ami), ne fait qu'accentuer le malaise sur la solidité d'un groupe qui se doit de justifier son statut d'al-Qaïda, au risque de ne plus être pris au sérieux au sein de l'internationale terroriste. Reste que ces excuses nous plongent dans la perplexité et vont agir comme un coup de main pour Kertali qui a, certes, perdu une jambe, mais qui n'aura pas perdu son aura d'ancien “émir”. En attendant, et seule satisfaction, on voit plus clair dans le jeu des islamistes. La proposition de Mezrag de créer un parti en profitant de l'attentat contre Kertali semble cousue de fil blanc. Avec le GSPC comme principal détonateur… M. B.