Le chef du RND a tenu, avant-hier, un discours empreint du réflexe pédagogique, où la virulence était pourtant au rendez-vous. Ouverture de la session parlementaire oblige, mais également bataille pour les prochaines élections locales, Ahmed Ouyahia a tenu à marquer les lignes rouges qui le séparent de la gestion de son successeur, Abdelaziz Belkhadem, à la tête du gouvernement. Lors de l'ouverture de la rencontre parlementaire de sa formation, Ouyahia a analysé l'actualité, marquée par la flambée des prix incontrôlée, dont les répercussions se sont fait sentir au niveau de la bourse des ménages, alors que la rentrée sociale arrive à grands pas, précédant de peu le mois de Ramadhan. Il a aussi proposé des alternatives aux problèmes posés. Selon lui, l'économie algérienne est aujourd'hui victime des contrecoups du marché mondial. Cette situation exigerait non pas des réponses après coup, mais une politique réfléchie qui impliquerait la prise en compte des effets négatifs de la mondialisation et, à l'échelle nationale, des mesures d'urgence. L'autre divergence se rapporte aux augmentations des salaires, décidées récemment par le gouvernement. Sans s'opposer à ces mesures, Ouyahia a estimé qu'il faut s'attaquer au problème de fond : la dégradation du pouvoir d'achat du citoyen. À la politique de solidarité qu'il considère trompeuse, Ouyahia y a opposé la politique de l'investissement, contenue dans “la théorie de l'économie de marché”. Aussi, le patron du RND prônera le renversement de l'équation présente sur les investissements qui, selon lui, maintient la discrimination entre les étrangers et le privé national, lequel bénéficie d'un crédit à l'investissement de moins de 2 milliards de dollars. Il faut savoir qu'à aucun moment, le secrétaire général du RND n'a critiqué l'option libérale. Bien au contraire, il a soutenu le programme présidentiel et appuyé la libéralisation de l'économie en défendant la “maîtrise de l'économie de marché”, ainsi que le respect de ses règles, avec ce qu'elle renferme comme pratiques prudentielles. Dans ce cadre, il a proposé la mise en place d'une “centrale d'achat pour les circonstances d'urgence”, qui interviendrait au nom de l'Etat, dans les moments de crise ou d'instabilité des cours mondiaux, pour garder sauve “la stabilité” du pays. Une autre façon, d'après lui, de contrôler le marché des importations des produits de large consommation, contre la dangerosité des “lobbies de l'argent sale” qui agissent sournoisement en temps de crise et qui sont à l'origine du “marché de rumeurs”. Ouyahia a en outre exhorté le gouvernement à revoir la copie de “la politique de soutien agricole”, conseillant des mesures qui profiteraient avant tout aux producteurs. Concernant la place de l'agriculture algérienne au niveau de l'OMC, l'ex-chef de l'Exécutif a invité les pouvoirs publics à asseoir “une orientation agricole” avant l'entrée de ce secteur sous la coupe de l'Organisation mondiale. Relevons, enfin, qu'Ouyahia a rejeté la confrontation. Il a dit préférer les débats et “la discussion dans le respect de la différence”. Il n'empêche, le désaccord est perceptible entre les deux membres de la coalition présidentielle et porte, en fait, sur le plan socioéconomique, sur la vitesse à imprimer aux réformes économiques. “Cette situation n'a pas besoin de solution de conjoncture, mais de réformes de fond”, a-t-il soutenu à ce propos. H. Ameyar