Première étincelle dans le ciel faussement serein de l'Alliance présidentielle. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Bouguerra Soltani exige désormais un gouvernement « neutre » pour préparer et encadrer les élections législatives et locales de l'année prochaine. C'est ce qu'a déclaré hier le chef du groupe parlementaire de cette formation politique, Abdelhak Boumerchra, à l'occasion d'une réunion de l'instance de coordination parlementaire des partis de l'Alliance tenue au bureau du groupe RND, au siège de l'APN. « Oui, plus que jamais, nous continuons à exiger un gouvernement neutre avant la tenue du double scrutin », a martelé M. Boumerchra, nullement embarrassé par la présence de ses collègues du FLN et du RND Ayachi Daâdoua et Miloud Chorfi. De fait, le parti islamiste réclame publiquement la tête de Abdelaziz Belkhadem fraîchement catapulté à la chefferie du gouvernement en remplacement de Ahmed Ouyahia. « C'est une position de principe qui consiste à faire en sorte d'éviter toute suspicion sur ces élections en les confiant à un gouvernement neutre ou carrément à une structure indépendante », précise encore le chef du groupe parlementaire du MSP qui se défend de ce que son parti pratique un double discours. A la question de savoir pourquoi Bouguerra Soltani a eu une réaction plutôt favorable à la désignation de Belkhadem, pourtant patron du FLN, comme Ouyahia l'a été avant lui pour le RND, Boumerchra répliquera ironiquement : « Vous savez, les élections sont encore loin... ». Manière pour lui de suggérer que le président a tout le temps de « dégommer » Belkhadem avant les prochaines échéances électorales. En marge de la réunion, il confie que « personne n'est sûr de rester à son poste ni de quoi sera fait demain ». « Savez-vous ce qui va se passer en juillet », fait mine de s'interroger notre interlocuteur, le sourire en coin. Mais jusqu'où peut aller l'opposition du MSP à un gouvernement version Belkhadem sur la question des élections ? « C'est aux instances du parti de décider le moment venu s'il faut participer à ces élections avec Belkhadem à la tête du gouvernement ou pas », indique le chef du groupe parlementaire du MSP. C'est qu'aux yeux de M. Boumerchra, le secrétaire général du FLN et néanmoins chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, est nommé uniquement pour « quelque temps » pour parer au plus pressé. Cela est d'autant plus vrai, d'après lui, que même le FLN avait également réclamé le nécessaire départ de Ouyahia et la désignation d'une personnalité « neutre » pour gérer les élections. Et de préciser : « Nous n'avons rien contre M. Ouyahia ni contre M. Belkhadem, mais malheureusement notre administration fonctionne selon le puissant du moment (maâ al waqef). » Ne voulant visiblement pas froisser son collègue Miloud Chorfi assis à ses côtés, le député du MSP n'a pas voulu focaliser sur la fraude de 1997 en préférant remonter jusqu'à... 1975. Miloud Chorfi, lui, garde sa légendaire sérénité qui consiste à ne rien dire concédant, tout de même « qu'il y a des divergences au sein de l'Alliance que je ne peux pas aborder ici ». Un peu gêné par les questions des journalistes, le chef du groupe parlementaire du RND semblait vouloir hâter la fin de cette réunion, qui devait traiter de la journée parlementaire qu'organisera l'APN le 13 juin prochain sur le NEPAD et qui a viré à une autopsie d'une Alliance présidentielle qui bat de l'aile. Même s'il a lancé, sans conviction, que « l'Alliance est occupée ! » Daâdoua Ayachi a, quant à lui, affiché un grand sourire qui traduit la satisfaction d'un parti qui a récupéré un puissant levier de commande. Juste après les dix minutes animées, passées avec la presse, « les faux amis » se sont enfermés dans le bureau de Miloud Chorfi pour discuter du communiqué commun.