Abdelmalek Guenaïzia a clairement laissé entendre que les provocations de Benhadj et ses déclarations contre la mémoire du général-major Smaïn Lamari ne resteront pas impunies. La justice va-t-elle se saisir enfin de cette affaire ? Le ministère de la défense nationale (MDN) n'est pas resté indifférent aux déclarations de Ali Benhadj, le numéro deux de l'ex-parti dissous (FIS) contre la mémoire du patron des services du contre-espionnage, le général-major Smaïn Lamari, décédé mardi dernier d'une crise cardiaque : “nous sommes actuellement en train de voir et d'apprécier la situation”, a expliqué, hier, Abdelmalek Guenaïzia, le ministre délégué auprès du ministère de la Défense nationale, au conseil de la nation (Sénat), à l'issue de la séance d'ouverture de la session d'automne du parlement en réponse à la question de savoir comment apprécie-t-il les déclarations de Benhadj à ce propos. Interrogé sur les mesures qu'il compte prendre à l'encontre de l'ex-numéro deux du front islamique du salut (FIS), non autorisé du reste à faire des déclarations publiques, selon les dispositions de la charte présidentielle portant paix et réconciliation nationale, et le procès-verbal portant sa libération, le membre du gouvernement Belkhadem s'est contenté de dire “vous allez voir” sans donner d'autres indications sur ce que compte faire le MDN. Le ton utilisé laisse cependant entrevoir une réaction à la mesure des déclarations “scandaleuses” faites contre Smaïn Lamari. Le ministre délégué à la Défense nationale affirme, en revanche, que les provocations de Benhadj ne peuvent en aucun cas ébranler la sérénité de l'institution militaire. Et sur ce plan-là, Guenaïzia est on ne peut plus clair : “cela ne nous inquiète pas !” Il faut savoir que Benhadj avait franchi la ligne rouge une fois de plus, lors de l'émission intitulée El-Hiwar diffusée sur la chaîne qatarie Al-Jazeera, en s'attaquant de manière indigne et scandaleuse à la mémoire du général-major Smaïn Lamari, l'accusant de tous les maux. Benhadj, qui n'est pas à sa première entorse quant au respect des lois et des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation, avait trouvé en la chaîne qatarie un allié de taille d'autant qu'Al-Jazeera est devenue, ces dernières années, un vecteur important de la stratégie de communication du GSPC et d'Al-Qaïda. Cependant, au-delà du simple fait de condamner les déclarations de Benhadj auxquelles, d'ailleurs, seuls les anciens de l'AIS ont tenu à répondre en l'accusant de “pyromane”, les observateurs se sont interrogés sur le laxisme des institutions de la République censés veiller au respect des lois. En effet, c'est parce qu'aucune mesure n'a été prise à l'encontre de l'ancien numéro deux du parti dissous, depuis ses “félicitations” adressées à Zarqaoui en Irak qui avait lâchement assassiné deux diplomates algériens en poste à Bagdad en 2005, jusqu'à ses déplacements en juillet dernier en Kabylie pour soutenir les terroristes encerclés dans les maquis de Yakourène par les éléments de l'ANP, que Ali Benhadj pousse le bouchon plus loin se croyant intouchable. Mais cette situation, qui pose en réalité la problématique de l'autorité de l'Etat, ne peut durer car elle encourage en même temps l'intégrisme religieux qui, à travers les provocations restées impunies de Benhadj, trouve des brèches inespérées pour reprendre du poil de la bête. NADIA MELLAL