L'installation du général major à la retraite Abdelmalek Guenaïzia dans les fonctions de ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, un poste créé à l'occasion du remaniement partiel du gouvernement décidé dimanche dernier par le chef de l'Etat, devrait permettre à l'institution militaire d'être représentée à nouveau au Conseil de gouvernement, duquel elle a été absente depuis plus d'une dizaine d'années. Au-delà du fait qu'Abdelmalek Guenaïzia aura forcément à assumer des choix (ceux du président de la République, également ministre de la Défense, dont il dépendra directement) dans la conduite de la politique de défense nationale, sa nomination au gouvernement pourrait, en ce sens, constituer le prélude au retour du ministère de la Défense sous le « commandement » du chef de l'Exécutif, ainsi que le recommande l'usage démocratique. En attendant, le général major Abdelmalek Guenaïzia devrait surtout se voir jouer le rôle d'interface entre la présidence de la République et le chef de l'état-major de l'ANP, un poste qu'il a déjà occupé et dont il a démissionné en 1992. La désignation par le chef de l'Etat d'une personnalité pour le seconder pourrait ainsi confirmer le projet d'Abdelaziz Bouteflika d'accélérer le chantier de la modernisation et de la professionnalisation de l'Armée. Un chantier coûteux et fastidieux, auquel beaucoup de capitales occidentales veulent prendre part. Le choix d'Abdelmalek Guenaïzia pour mener ce travail reste toutefois inattendu. La raison tient au fait qu'Abdelaziz Bouteflika et le prédécesseur du général de corps d'armée Mohamed Lamari, à la tête de l'état-major de l'ANP, ne se connaissaient pas particulièrement, affirment des habitués du sérail. Inattendu encore parce que le chef de l'Etat avait laissé l'impression, après l'élargissement des prérogatives du général major Ahmed Sanhadji, l'actuel secrétaire général du ministère de la Défense nationale, de privilégier l'option d'une nouvelle génération d'officiers généraux et de jeunes cadres pour diriger l'institution militaire. Ancien officier général reversé dans la diplomatie (il a occupé le poste d'ambassadeur à Berne durant treize ans) après sa démission - restée inexpliquée à ce jour - de son poste de chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), Abdelmalek Guenaïzia présente néanmoins l'avantage de disposer d'états de services et d'une expérience impressionnants. Il fut même l'un des anciens hommes forts de l'ANP durant les années 1980, avec les généraux Nezzar, Belhouchet, Beloucif et Chelloufi. Et c'est visiblement sa carte de visite qui a fini par peser dans la décision du président de la République. Guenaïzia connaît l'ANP et les hommes qui la composent comme sa poche. Ces qualités le disposent, estiment nombre d'observateurs, à conduire objectivement et avec efficacité le projet de professionnalisation de l'ANP. Une démarche à laquelle il est entièrement acquis puisqu'il a déjà eu à la prôner du temps où il coiffait l'état-major général de l'Armée. Son expérience acquise dans la diplomatie fait également de lui l'interlocuteur sérieux de l'OTAN, une organisation avec laquelle l'Algérie entretient une coopération poussée, et des représentants des ministères de la Défense des pays de l'Europe. Au-delà, Abdelmalek Guenaïzia part visiblement avec l'avantage précieux de faire aussi consensus parmi les hauts gradés du ministère de la Défense nationale. Le fait est à souligner dans la mesure où il révèle l'existence d'un compromis concernant la gestion du dossier de l'Armée.