Pour le chef du FFS, la situation politique actuelle est la conséquence des erreurs d'appréciation commises pendant les années 1990. Jeudi. 6 septembre 2007. Il fait beau sur le centre de vacances des travailleurs du secteur des matériaux de construction à Zéralda, à 20 kilomètres à l'est d'Alger. C'est dans une anarchie indescriptible que se prépare le 4e congrès du FFS. Il est 12h, quand tous les regards se braquent sur le portail d'entrée. “Le voilà, le voilà”, lancent, des militants. Une foule compacte se presse alors devant l'entrée, gênant considérablement la progression du cortège. Tout le monde veut saluer le “zaïm”. Les gardes du corps ont trouvé moult difficultés pour extraire Aït Ahmed de la voiture et le conduire au salon d'honneur. Bien avant lui, deux personnalités du monde politique n'étaient pas, elles aussi, passées inaperçues : Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche, deux ex-ténors du FLN. Le congrès débute à 11h45. Après l'hymne national et le respect d'une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs, les congressistes ont eu droit à une chanson en kabyle interprétée par une chorale de jeunes enfants. Pour rendre un hommage au poète de la Révolution, Moufdi Zakaria, les organisateurs ont programmé la lecture de quelques passages du poème l'Iliade de l'Algérie. Après quoi, les participants ont élu à l'unanimité le bureau du congrès, présidé par Mohand-Amokrane Chérifi. C'est alors qu'Aït Ahmed est invité à prendre la parole sous les applaudissements nourris des participants. “Si nous avons intitulé ces assises : “Congrès du millénaire”, c'est pour montrer qu'après l'indépendance des pays du Maghreb, les peuples de cette partie du monde sont en droit d'aspirer à la démocratie telle que définie par l'ONU et selon nos valeurs”, annonce-t-il. Il réitère encore une fois le slogan du parti : “L'Algérien a le droit d'avoir des droits. Il a le droit à la vie, à la dignité et au bonheur.” Il rappelle les grands principes du FFS qui rejette “les interdictions, les intimidations, la torture et les disparitions. Le peuple algérien doit bannir la guerre civile contre les civils”. Il n'omet pas de rappeler les qualificatifs attribués aux hommes qui avaient participé à l'élaboration du contrat de Rome en 1994. “On nous avait traité de traître et pourtant, nous ne cherchions qu'à ramener la paix dans notre pays et pour tous les Algériens.” Il rappelle que “la police politique avait induit en erreur les tenants du pouvoir en Algérie en 1991. Selon cette police, le FIS n'avait aucune chance de remporter les législatives”, affirme-t-il. Il rappelle la position de son parti qui avait organisé une énorme manifestation le 2 janvier 1992. Il reconnaît que lui-même avait entamé des négociations avec les responsables du FIS avant le deuxième tour des législatives de juin 1992. “Si le pouvoir avant accepté la tenue du deuxième tour, on aurait évité l'effusion de sang et je ne crois pas que les “Panzer”, qui étaient descendus dans la rue étaient là pour défendre la démocratie.” Il aborde, ensuite, succinctement l'épisode de 1963 et rappelle que le seul gouvernement légitime à l'indépendance était le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). “L'histoire démontrera un jour que cet épisode a permis tout de même à l'Algérie de ne pas connaître une vraie guerre civile.” Il reproche au “système qui gère l'Algérie” d'user de la force et de la violence contre la population, et d'instrumentaliser le régionalisme : “Un pouvoir qui mitraille un peuple ne peut être l'ami de ce peuple.” Sur le plan international, il propose la création d'un Parlement maghrébin pour consolider les liens entre les peuples de cette région. Toujours sur le plan international, il citera la question palestinienne qu'il qualifie “d'injustice” . “Les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale avaient promis un monde plus juste, mais c'est le contraire que nous constatons en Palestine et en Irak”, déclare-t-il encore. Il remercie enfin les anciens partis et les nouveaux, sans lesquels le FFS n'aurait pas organisé ce 4e congrès. Pour sa part, Abdelhamid Mehri estime que c'est lors de ce congrès que les participants aborderont les problèmes de leur parti et ceux de la société mais, tient-il à préciser, “tous les problèmes restent secondaires devant ceux de l'Algérie”. Il revendique un véritable changement mais, pour lui, cela ne veut aucunement dire, “changement de la Constitution”. Il estime justement que les retards enregistrés quant au changement, sont dus aux violations de la Constitution. Il affirme que c'est aux hommes politiques de respecter la Constitution et non le contraire. Quant à Mouloud Hamrouche, il n'y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il annonce de prime abord : “Le pouvoir n'a pas l'identité nationale.” Il affirme que nul n'a le droit de douter du nationalisme d'un autre Algérien. Il préconise les voies pacifiques du dialogue et de la concertation pour trouver les solutions aux problèmes. Il qualifie de “figée” la société algérienne, car elle n'a pas encore le droit de s'organiser de manière libre et démocratique. Il aspire lui aussi à une véritable démocratie en Algérie, seule initiative de développement du pays. Le congrès du FFS s'est achevé hier vendredi, après deux journées de travaux. Said Ibrahim