Pour le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le retour de l'Algérie sur la scène internationale grâce à la politique de réconciliation nationale dérange. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourddine Yazid Zerhouni, a animé, jeudi dernier, une conférence de presse tout de suite après l'attentat à la bombe qui a ciblé la ville de Batna. Après une minute de silence à la mémoire des victimes de l'attentat, le ministre de l'Intérieur a donné les premiers éléments d'information sur l'engin explosif. “D'après les premières indications, il s'agit d'une personne suspecte qui avait un engin à la main et au moment où un policier l'a interpellée, elle est tombée et la bombe à explosé.” Donnant un premier bilan arrêté à 18h indiquant 6 morts au moment de la déflagration et 8 autres à l'hôpital, ainsi qu'une soixantaine de blessés, Zerhouni a expliqué que la plupart de ces blessés allaient quitter le CHU de Batna dans la nuit. Livrant à ce propos son commentaire à chaud, le ministre de l'Intérieur indiquera que cette opération est contraire aux aspirations de notre peuple. “Vous avez remarqué la participation massive des citoyens à la visite du Président à Batna et le programme du Président pour cette wilaya sort de l'ordinaire. L'eau a atteint Barika et même plusieurs autres régions de Batna.” Evoquant le barrage de Béni Haroun de la wilaya de Mila, Zerhouni a indiqué qu'”on a rencontré plusieurs difficultés liées à ce projet qui dénote la volonté de notre peuple à vivre mieux”. Revenant au sujet du jour, le membre du gouvernement notera que “cette position de la population est en contradiction avec les objectifs des criminels qui ont tenté de déstabiliser le pays”. “J'ai dit à plusieurs occasions que la bombe est le moyen le plus facile de s'attaquer à la population”, relève encore le ministre tout en expliquant que “cela dénote la faiblesse des groupes terroristes”. Son argument est que “ça ne demande pas beaucoup de moyens pour faire ce genre de bombes”. Pour le ministre “avec la volonté, la mobilisation et une position unifiée, on peut mettre en échec ce genre d'opération”. À la question de savoir si les services de sécurité disposent de moyens pour détecter et désarmer ce genre d'engins, M. Zerhouni dira que “nous ne sommes pas parfaits, et le matériel utilisé par les terroristes est en constante évolution”. “On n'a jamais dit qu'on était à l'abri de ce genre d'opérations et que le risque zéro n'existe pas.” Annonçant la décision du président de la République de passer la nuit de jeudi à Batna en signe de solidarité avec la population de cette wilaya, l'orateur expliquera que le programme de la visite sera maintenu et que “les bains de foule dépendent de la population”. Et de déclarer : “Je pense que les gens de Batna sont courageux !” Interrogé sur la possibilité que l'attentat soit l'œuvre d'un kamikaze, M. Zerhouni a répondu que cette hypothèse n'était pas à exclure. Sur la question de la gestion de l'information sécuritaire et des commentaires du ministre par rapport à ceux que publient des communiqués du GSPC, M. Zerhouni dira que “la meilleure façon est de jouer la transparence”. “Il reste, dira-t-il, la manière dont les médias traitent et donnent l'information”, tout en notant que “nous donnons l'information brute”. Cependant, dit-il, “nous n'avons pas le droit d'alarmer la population mais plutôt de susciter l'adhésion de la population contre le terrorisme”, dit-il. Questionné sur le fait que le groupe salafiste a déjà annoncé qu'il s'en prendrait au cortège présidentiel dans le cadre d'une stratégie, M. Zerhouni dira que “stratégie est un grand mot, pour moi elle confirme qu'ils ont utilisé des bombes faciles à fabriquer”. Et de préciser : “Ma lecture est que leurs moyens sont réduits, chacun d'eux peut utiliser l'attentat à la bombe de plus en plus pour chercher un écho médiatique. Aux médias de ne pas tomber dans le piège”, recommande-t-il. À qui profite le crime ? “Pas à la population, en tout cas”, dit-il, notant que “ça peut profiter à l'étranger. Plus précis, il dira qu'“il y a des éléments et des intérêts qui ne veulent pas que l'Algérie revienne sur la scène internationale”. Dans le même ordre d'idées, il dira : “Je n'exclus pas que les auteurs des attentats ont un contact avec l'étranger, mais je ne peux pas l'affirmer”. Il a lié cela aux rumeurs sur la santé du Président qui, dit-il, “n'a pas dénoncé l'attentat de Batna. L'attentat de Batna peut être exécuté par des éléments de Batna, mais probablement préparé de l'étranger”, dira encore Zerhouni. Interrogé à propos de la conduite à tenir par rapport à ces attentats, le ministre dira que “c'est un sujet à débattre et vous en tant que journalistes vous devez nous aider”. Questionné à propos de la provenance des explosifs, est-ce des frontières, il dira : “La bombe étant d'une puissance relative, elle est de fabrication artisanale avec des composants vendus partout. Il y a aussi aux frontières des milliers de mines qui datent de l'époque coloniale. 4 mines peuvent servir à fabriquer des bombes de forte puissance”, note M. Zerhouni. Sur la lutte antiterroriste, le ministre dira qu'il y a eu une augmentation des ressources humaines pour ce faire. Il s'agit aussi d'adapter les éléments de l'ANP aux nouveaux moyens. N. M.