Mohand Issad a été chargé par M. Abdelaziz Bouteflika de conduire une commission d'enquête indépendante en Kabylie après le déclenchement des évènements. Le rapport remis par Me Issad au terme de ses inspections en Kabylie a favorisé cette interrogation : s'il y avait quelqu'un qui avait donné l'ordre de tirer, pourquoi personne n'avait donné l'ordre d'arrêter de tirer ? Vous avez été sollicité par le chef de l'Etat pour diriger une commission d'enquête indépendante sur les évènements de Kabylie ; qu'est-ce qui vous a motivé à accepter ? Je voudrais souligner, de prime abord, que je n'ai pas été investi d'une mission commerciale. En tant que juriste, par ailleurs président de la Commission de la réforme de la justice, le président de la République m'a confié une mission respectable ; une mission que j'ai accomplie, bien sûr, avec la rigueur et le sérieux qu'elle requiert. Evidemment, je l'assume pleinement et sans regrets. Qu'avez-vous ressenti une fois l'enquête commencée ? Etait-il difficile de travailler ? Ce que j'ai pu ressentir sur le terrain ? Des susceptibilités d'Algérien. Nous avons vu des choses et discuté avec beaucoup de monde. Il était important d'écouter les gens et les responsables. Notre réaction a été celle de citoyens algériens enquêtant sur des évènements concernant des Algériens. En toute objectivité, nous avons remis nos conclusions. Notre mission s'arrêtait là. Mais le Président Bouteflika n'en a pas tenu compte ? Cela ne me concerne pas, c'est son affaire à lui. Et que pensez-vous du rôle de la justice dans cette histoire ? La justice ? Mais vous la connaissez, vous la dénoncez chaque jour, alors... L. B.