La déperdition scolaire fait rage dans la capitale de l'Est algérien. En effet, à Constantine, chaque année, 10 000 élèves quittent l'école avant terme. Seuls 30% d'entre eux s'orientent vers les centres de formation professionnelle. Dans le primaire, 30% des enfants qui rompent prématurément avec les bancs de l'école expliquent leur geste par l'inadéquation des programmes. Les difficultés de concentration sont la cause dans 50% des cas de déperdition chez les 11-14 ans, et, enfin, 20% des plus de 14 ans se disent être poussés à la rue suite à des problèmes avec les enseignants. À ces causes, s'ajoutent les facteurs de pauvreté, d'instabilité familiale et d'éloignement. Les études menées dans ce sens ont démontré que seuls 30% des élèves qui désertent l'école s'orientent vers des centres de formation. Mais s'il y a un facteur qui fait l'unanimité, c'est bien, malheureusement, la démission de la nouvelle génération de parents, elle-même fruit de la sinistre école fondamentale. “Il faut s'intéresser, en premier lieu, à la situation de l'enfant dans sa famille avant l'âge de sa scolarisation, avant de porter des accusations, à tort ou à raison, à l'encontre des enseignants et du système éducatif”, dira le directeur d'un CEM de la cité Boudraâ-Salah. Notre interlocuteur ajoute : “La démission des parents est un facteur déterminant dans ce genre de situation. Pire, certains d'entre eux sont devenus une source de menaces pour leurs enfants, les incitant non seulement à quitter l'école, mais même au suicide”. En effet, tous les Constantinois se rappellent du suicide d'un enfant de 12 ans, en juin 2006, qui s'était jeté d'un pont suspendu à la suite de son échec à l'examen de 6e. Au cours de la même année scolaire, une adolescente, d'à peine 14 ans, s'est jetée par la fenêtre de sa maison, située à la cité Daksi, après son échec au BEF. Ce point de vue d'un professionnel du secteur est largement partagé dans le milieu de la recherche, notamment au département de psychologie de la faculté des sciences sociales et humaines de l'université Mentouri de Constantine. Pour Moussa Haroun, maître de conférences, auteur d'une étude qui a ciblé la déperdition scolaire, “tout trouble psychique chez l'enfant est la cause de problèmes qui ont un lien direct avec un dysfonctionnement relationnel ou affectif au niveau de la famille”. Toujours selon M. Haroun, “l'échec scolaire se présente sous deux formes, l'abandon prématuré avant de terminer la dernière année du cycle primaire et le redoublement”. Madani Radia