Plus de 10 000 élèves quittent chaque année prématurément les bancs de l'école à Constantine, soit 20% des inscrits, a-t-on appris hier d'un responsable de la Direction de wilaya de l'éducation. Selon le rapport établi par les services du secteur, 30% des élèves du primaire qui abandonnent l'école “n'ont pu suivre les programmes” et 50% de la tranche d'âge 11-14 ans “pour des difficultés de concentration”, a-t-on précisé de même source, soulignant que plus de 60% des élèves âgés de plus de 14 ans ont “des problèmes avec les enseignants”, sont victimes de “l'instabilité familiale” ou sont “confrontés à l'éloignement”. Des études menées dans ce sens ont démontré, selon la même source, que seuls 30% des élèves qui désertent l'école, s'orientent vers les centres de la formation professionnelle. Une situation jugée “alarmante”, indique-t-on de même source, car tous ces jeunes gens qui ne vont plus à l'école, sont fragilisés, n'ont plus de repères et risquent de sombrer dans la délinquance, indique-t-on. Pour le directeur du nouveau CEM de la cité Zouaghi, “il faudrait peut-être s'intéresser, en premier lieu, à la situation de l'enfant dans son milieu familial avant même sa scolarisation” afin de “mieux le prendre en charge”. Selon lui, la “démission des parents est un facteur déterminant dans les situations de déperdition scolaire”. Certains parents, soutient le même directeur, sont devenus “une source de menace pour leurs enfants”, les incitant, non seulement à quitter l'école, mais aussi à travailler “pour aider à la subsistance de la famille”. D'autres parents, et “c'est tout aussi dangereux”, selon lui, mettent une pression exagérée sur les épaules de leurs enfants, surtout à la veille des examens scolaires. Un avis que partage un maître de conférences, au département de psychologie de l'université Mentouri, qui a rapporté, dans son étude consacrée à la déperdition scolaire, que tout trouble psychique chez l'enfant est “la conséquence de problèmes liés à un dysfonctionnement rationnel ou affectif au niveau de la famille”. De leur côté, des parents d'élèves, interrogés par l'APS, ont une toute autre vision concernant ce phénomène. Une mère fait part de son “vif mécontentement” quant à la “lourdeur” des programmes destinés aux élèves du cycle primaire. À son sens, il est “extrêmement difficile à un enfant de six ans d'apprendre et d'assimiler toutes ces matières”. Quoi qu'il en soit, intervient une seconde mère de famille, rencontrée devant la porte d'une école primaire à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, “quand des milliers d'élèves sont amenés chaque année, pour une raison ou une autre, à quitter l'école dans une seule wilaya, il est clair qu'il y a quelque part un problème”. Et d'ajouter qu' “il est trop facile d'incriminer les seuls parents”. Le ministère de l'Education nationale avait rappelé, dimanche dernier, dans une note adressée aux directeurs et inspecteurs de l'éducation et chefs d'établissement d'enseignement des trois paliers, que le droit à la scolarité était garanti par la Constitution et que “l'enseignement était obligatoire pour tous les enfants algériens âgés de 6 à 16 ans”. Le ministère avait affirmé, dans ce contexte, qu'il est “formellement interdit d'exclure tout élève sous quelque motif que ce soit avant l'âge de 16 ans, durant ou à la fin de l'année scolaire”.