Les jeunes candidats à l'émigration clandestine peuvent désormais prétendre à un emploi ou à la création de micro-entreprises à la faveur du dispositif de l'Ansej. Le Service d'orientation et d'éducation en milieu ouvert (Soemo), relevant de la direction de wilaya de l'Action sociale (Das), vient de lancer une opération de sensibilisation auprès d'une centaine de harragas ayant fait l'objet d'arrestation. Parmi les jeunes candidats à l'émigration clandestine, figurent en bonne place des jeunes ne dépassant pas les 25 ans. Un état de fait qui résume à lui seul l'amplitude de cette situation vécue surtout par les parents comme une calamité. “C'est dans cet esprit que nous avons initié cette formule qui nous permettra d'être à l'écoute de ces harragas qui se sentent mal dans leur peau”, affirme M. Abdelhafid Maliwi, directeur de l'Action sociale. Mis en place conjointement par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale et la Das, le programme de sensibilisation est composé de plusieurs volets ayant trait à la prise en charge morale et matérielle du candidat à l'émigration clandestine. La cellule d'écoute intervient particulièrement dans l'orientation et le suivi de chaque cas de harraga. “L'implication de tous est recommandée dans cette situation si l'on veut éviter à nos enfants les dangers de la mer et de l'aventure inconnue qui se solde le plus souvent par la mort et les larmes”, explique notre interlocuteur. L'aspect juridique est entièrement à la charge de la cellule dite Soemo lequel intervient au niveau des différentes juridictions de concert avec les harragas. Ces derniers agissent volontairement avec les responsables de cette cellule d'écoute dans la prise de décision les concernant. Les partenaires sociaux associés à cette initiative sont constitués d'un panel de chercheurs universitaires, de sociologues, de psychologues, des services de la wilaya, des services de sécurité ainsi que des responsables du Croissant-Rouge algérien (C-RA). Selon M. Maliwi Abdelhaif, les harragas encadrés par le Soemo sont pressentis par le ministère de tutelle lequel dresse une liste nominative adressée aux services de l'action sociale de la wilaya d'Oran. C'est sur la base de ce document qu'entrent en jeu les différents animateurs du Soemo. Dans ce contexte, les jeunes harragas sont effectivement encadrés et peuvent prétendre à un emploi ou à la création d'une projet de microentreprise grâce à un service d'accompagnement, composé des responsables de l'Ansej, 1 et 2, de l'Anjem et de l'Anem. Mais le suivi psychologique reste tributaire d'abord de la bonne volonté du jeune harraga qui veut s'en sortir. Un sociologue explique que le “fait social total traduit des symptômes d'une crise économique, crise des valeurs sociales, crise morale et surtout l'échec d'un projet éducatif perfectible”. Les conséquences qui en découlent sont la délinquance accrue, la dérive morale qui mène directement à l'inadéquation de la formation. “Nous, ce que nous demandons, c'est de pouvoir travailler décemment et avoir un logement dans notre pays que nous aimons et respectons. C'est aux responsables de nous respecter en nous restituant ce qui nous revient de droit”, affirment des harragas actuellement encadrés par le Soemo. Par ailleurs, le Centre de recherche et d'anthropologie sociale et culturelle (Crasc), partenaire du Soemo, s'implique de façon efficiente en recourant à des séances d'écoute auprès des ex-harragas dont plusieurs ont récidivé au moins deux fois. Le constat d'un membre de cette institution universitaire est péremptoire. “Le phénomène de l'émigration clandestine n'est pas simplement économique. Les jeunes sont les plus atteints dans cette aventure à l'issue incertaine.” H. Reguieg-Yssaad