Des magistrats français sont sur le point de se rendre au Tchad dans le cadre de la coopération judiciaire des deux pays dans l'affaire de l'Arche de Zoé, a annoncé la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Rama Yade, d'origine sénégalaise. Il s'agit aux yeux de Paris de rapatrier les six membres de l'Arche de Zoé que la justice tchadienne veut juger pour tentative d'enlèvement d'une centaine d'enfants tchadiens destinés à être remis à des familles françaises contre rémunérations, pour adoption et sous couvert d'actions humanitaires. Selon Mme Yade, l'objectif est d'enclencher la coopération judiciaire entre Paris et N'Djamena. Elle fait prévaloir que Paris a ouvert également son enquête judiciaire pour essayer de transférer les six accusés français sur la France qui les jugera. Le président Sarkozy avait suscité un tollé au Tchad la semaine dernière en affirmant qu'il irait chercher les six Français quoi qu'ils aient fait ! Déjà que la libération par lui des journalistes français et de l'équipage espagnol était très mal passée au Tchad, sa nouvelle déclaration jugée de brutale par les proches du président tchadien a accru le sentiment anti-français chez les Tchadiens qui le manifestent violemment. Et ce ne sont pas les assurances de Rama Yade quant au respect de la justice tchadienne “souveraine” qui calmeront la colère. De deux choses l'une : ou le mouvement anti-français est permis par le président tchadien pour renégocier sa place dans le nouvel échafaudage africain français, ou bien c'est l'expression d'une volonté de bouter hors de son pays l'ex-puissance coloniale omniprésente. D. B.