Le documentaire Algérie, terre des civilisations, réalisé par Ramdane Rahmouni, a été projeté en avant-première, ce lundi à la salle de cinéma Ibn Zeydoun, à Riadh El Feth, à Alger. Initialement intitulé Algérie, terre d'hospitalité, ce film retrace toutes les étapes de l'histoire de l'Algérie, de la préhistoire à nos jours. Cette œuvre se veut avant tout, selon son auteur, comme une contribution de l'écriture de l'histoire, mais cette fois par l'image. Le documentaire débute par la présentation des gravures rupestres dans le Sud algérien. Par la suite, l'auteur aborde la période de l'antiquité, en se référant à deux génies amazighs qui ont marqué l'histoire, le premier en tant que roi (Massinissa) et le second en révolutionnant carrément la religion catholique (Saint-Augustin). M. Slimane Hachi, en sa qualité de directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, a présenté Massinissa comme étant le premier grand roi amazigh qui a réussi à unifier tout le peuple berbère sous une seule et unique bannière. Absent lors de la projection, comme toutes les personnalités interviewées pendant le tournage du film, le Dr Hachi a tenu à insister sur les qualités politiques ainsi que les capacités intellectuelles et créatives de Massinissa qui s'était montré aussi un économiste hors pair car, en privilégiant l'agriculture, il était parvenu à faire de l'Algérie le grenier à blé du monde connu alors. Le documentaire met en avant le refus des Berbères de la colonisation romaine. Pour sa part, André Mandouze (mort juste après l'entretien qu'il avait accordé au réalisateur), présente Saint-Augustin comme un réformateur de la religion catholique. “Saint-Augustin, cet Algérien, ce que souvent les Algériens ne savaient pas, ce génie du monde, a été évêque pendant 30 ans à peu près entre 400 et 430. Augustin n'était pas chrétien au début. Comment il s'est converti ? Il a raconté ça dans ses confessions que j'ai pu faire connaître aux Français à Notre-Dame, au Louvre et dans les cathédrales de Bordeaux et de Strasbourg”, affirme André Mandouze. Ensuite, le documentaire retrace l'arrivée de l'islam et retrace l'épopée de Kahina qui a combattu jusqu'à la mort. La période ottomane est plutôt présentée comme un protectorat assuré par la “Sublime porte” à Istanbul contre les visées colonialistes des Européens. La colonisation française est l'avant-dernière étape abordée par le réalisateur qui n'a pas omis de rendre à l'Emir Abdelkader un vibrant hommage, car ce personnage historique est parvenu, après 17 ans de lutte, à forcer les Français à lui reconnaître les qualités d'un grand guerrier et d'un humaniste, en avance sur son époque. Le film s'arrête à l'année 1962 et relate les luttes menées par les Algériens avant la grande révolution de Novembre 1954, qui a permis au peuple de se délivrer du joug colonial. Le réalisateur de ce film estime que, par son travail, il est parvenu à donner un petit aperçu sur les quatre mille ans d'histoire de l'Algérie. Les personnes interviewées, à savoir Slimane Hachi, Aïcha Amamra, directrice du Musée des arts et traditions populaires, le Pr Mustapha Chérif, le Dr Bouamrane et l'Archevêque d'Alger, Henry Tessier, ont mis l'accent sur le brassage des peuples en Algérie et la cohabitation pacifique des trois religions monothéistes dans cette partie du monde. Pour preuve, Henry Tessier rappelle les efforts entrepris par les pouvoirs publics en Algérie pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame d'Afrique. Saïd Ibrahim