Un violent incendie a ravagé, hier matin, l'usine de la Société générale technique (SGT) spécialisée dans la production de bouchons située en plein centre de la zone industrielle de Rouiba. Selon des témoins oculaires, le sinistre qui n'a pas fait de blessés, et dont les causes ne sont pas encore déterminées, s'est déclaré à 5h30 au niveau d'un local de l'usine avant de se propager à une vitesse vertigineuse aux hangars de stockage où étaient entreposés des milliers de tonnes de produits finis. Il s'agit surtout de bouchons en plastique destinés à alimenter de nombreuses autres usines de boissons de la région. L'incendie a été suivi quelques minutes plus tard par de fortes explosions qui ont ébranlé les résidents de Haouch Khemisti, situé juste en face de l'usine. À notre arrivée, hier aux environs de 11h, une fumée épaisse et noirâtre continuait à se dégager de l'usine comme si le feu venait juste d'être maîtrisé par les pompiers dont plusieurs étaient toujours sur place. L'accès nous a été interdit par des jeunes assurant le gardiennage de cette usine qui s'étale sur une surface totale de 4 600 m2. On nous a affirmé que l'ordre leur a été donné pour empêcher d'autres personnes, y compris les gens de la presse, de pénétrer dans l'enceinte de l'usine. Par ailleurs, aucun responsable de l'usine ni son patron, un ressortissant français, ou cadre de l'entreprise n'ont voulu s'exprimer sur le sinistre, préférant attendre les résultats de l'enquête. D'ailleurs, les gendarmes et la Police scientifique étaient sur place pour recueillir les moindres indices permettant de faire avancer l'enquête. Mais, selon des informations récoltées sur place, l'usine qui emploie une centaine de travailleurs n'a été que partiellement touchée et seuls les locaux abritant les produits finis ont été consumés par le feu. Des témoins oculaires, notamment les habitants de Haouch Khemisti, ont affirmé que les pompiers ont mis un peu plus d'une demi-heure pour arriver sur les lieux et se sont présentés à l'usine en feu avec un seul camion-citerne. Une information qui sera démentie par un sapeur-pompier qui a indiqué que l'intervention de la Protection civile s'est faite aussitôt après la signalisation de l'incendie. Selon des employés rencontrés sur place, les principales machines de l'unité ont été épargnées, précisant toutefois que les dégâts sont énormes. “Il est tôt de calculer le préjudice causé par l'incendie, mais on parle de plusieurs milliards de dinars”, estiment nos interlocuteurs. Par ailleurs, les citoyens du bidonville de Haouch Khemisti dit Les Trois-Caves, jouxtant l'usine SGT, ont vécu une matinée mouvementée. L'un d'eux raconte : “Nous avons sursauté de nos lits vers 6h du matin après la série d'explosions qui a suivi l'incendie. C'était terrifiant !” précise Sofiane. D'autres témoins ont affirmé que les habitants ont fui les lieux de peur que leurs maisons de fortune ne soient atteintes par les flammes attisées par les vents violents de cette nuit. Mourad et ses deux frères habitant depuis une trentaine d'années dans ce bidonville coincé entre une usine de céramique et une usine de plastique, étaient exaspérés par la fumée qui se dégageait de l'usine. Un bidonville de plus de 86 familles qui attend d'être rasé par les autorités locales de Rouiba. Sur les murs en tôle de ces baraques envahies par la fumée de l'usine, des affiches des candidats pour les APC sont fraîchement collées et appellent les habitants des Trois-Caves à voter pour eux. “Ça nous fait rire, les élus se rappellent de nous lorsqu'il y a des élections”, lance Mourad. M. T.