La décision floue de l'Organisation a perturbé les marchés. Vendredi, jour de clôture des marchés pétroliers pour le week-end, le baril brent de Mer du nord était coté à 24,38 dollars, soit en baisse. Un effet de la décision floue de l'Opep de relever son plafond de production de 24,5 à 25,4 Mbj, à partir du premier juin. Ce qui correspond à une hausse de 900 000 barils/jour. En fait, l'organisation va réduire son niveau d'extraction de 2 Mbj à cette échéance. Elle produisait 27,4 millions de barils/jour en février et mars pour compenser l'absence du pétrole irakien pendant la guerre. La décision intègre les dépassements de quotas de certains pays membres. L'Opep ne revient donc pas à son plafond de production antérieur. Ce qui ne constitue pas un signal fort aux marchés, d'où la baisse des prix. La situation reste donc fragile. Le troisième trimestre s'annonce chaud. La demande, surtout US, connaît une hausse en été. Mais les pays consommateurs ne vont pas rester les bras croisés. Ils vont tenter d'augmenter leurs stocks sous l'impulsion de l'AIE. L'Irak risque également de revenir à une production de 1,5 à 2 Mbj dans deux, voire trois mois. Dans ce contexte, le Nigeria et le Venezuela, demandent une augmentation de leur quota. Ce qui n'arrange pas les choses. Autre élément de fragilité : la normalisation de l'Irak, sous contrôle américain, s'accélère. L'Administration Bush est sur le point de nommer les responsables irakiens qui seront chargés de gérer le pétrole irakien. Ce qui veut dire sans doute que l'Irak va rejoindre probablement son siège à l'Opep et retrouver son quota. Le plafond de production de l'organisation était fixé hors quota de ce pays. Cela veut dire aussi que l'Irak ne rentre pas dans le camp des durs de l'Opep tels que le Venezuela et l'Iran. Cependant, l'organisation a prévu d'examiner, de nouveau, le marché en juin lors de la réunion de Doha et de décider une nouvelle réduction du plafond de production en cas de retournement du marché, c'est-à-dire des prix en dessous de la fourchette de référence de l'Opep, à savoir 22-28 dollars le baril. Quant à l'Algérie, elle bénéficie d'un relèvement de son quota (811 000 barils/jour). Mais qui reste très éloigné de sa capacité actuelle : 1,3 million de barils/jour. Elle a fait le plein durant quatre mois, suivant le deal de l'Opep de compenser les chutes de production du Venezuela, du Nigeria puis l'absence de l'Irak. Ce qui lui a permis d'engranger de nouveaux excédents de recettes et une hausse des prix du gaz, le second semestre, eu égard au décalage de six mois en matière de prix de ce produit. Mais la suite s'annonce indécise. L'Algérie restera braquée quotidiennement sur les prix du pétrole. La conjoncture du second semestre se présente avec des facteurs favorables tels que la hausse de la demande en hiver et la pression budgétaire sur l'Arabie Saoudite qui la contraint à rechercher un prix du baril dans la fourchette sus-mentionnée et des facteurs défavorables comme le contrôle US du pétrole irakien et l'émergence de producteurs indépendants, à l'instar de la Russie et de l'Angola. Ainsi, à défaut d'une diversification de son économie, elle sera soumise, à brève échéance, à la forte volatilité des prix du pétrole. Ce yo-yo continuera de menacer la stabilité économique et sociale du pays. N. R.