Le procès, programmé hier au tribunal de Sidi-M'hamed à Alger, a été reporté au 28 janvier prochain. Première raison de ce report, l'absence pour des raisons de santé de la juge qui devait le présider. M. Mellouk, qui tenait à tout déballer lors de ce procès qu'il considère comme un complot et une manipulation – encore une autre dans la scandaleuse affaire des magistrats faussaires qui remonte à 1992 — et son avocat Me Aït Larbi n'ont trouvé en face qu'un avocat représentant M. Djeghaba, l'un des deux plaignants. Ils ont alors demandé la présence des deux plaignants, M. Djeghaba et M. Mohammedi. Ce dernier ne s'est pas fait représenter pour le fait, a-t-on signifié à la défense, qu'il n'est pas partie du procès. Ce qui a été récusé puisqu'il est cité nommément dans la plainte déposée en 2001 contre Benyoucef Mellouk. Pour M. Mellouk, qui est déni de ses droits les plus élémentaires depuis l'éclatement de l'affaire des magistrats faussaires, soit 15 ans, c'est une dérobade et un complot contre sa personne et, partant, contre la vérité sur cette affaire. À ce qui est considéré comme une dérobade des magistrats et des plaignants, l'accusé qui a fait l'objet d'un mandat d'amener sans convocation préalable et qui a vu son dossier renvoyé devant le président de la cour sans instruction, même seul un avocat, Me Aït Larbi continue de le défendre. Ce dernier déclare partager son combat parce qu'il s'agit d'une affaire d'Etat, d'histoire du pays et d'un combat pour la vérité et que pour cela, il ne reculera pas. Malgré tous les vices qu'il a relevés, M. Mellouk s'est présenté “chargé” de tous les documents étayant ses déclarations au sujet des parents des deux anciens responsables qui ne peuvent bénéficier de la qualité de permanents de l'OCFLN pour les remettre au tribunal. Il a fait ces déclarations après avoir “épluché” leurs dossiers ainsi que d'autres, mission dont il était chargé lorsqu'il était au ministère des Moudjahidine. Tous les responsables qu'il avait alertés n'ont pas réagi. Pire que ce mépris, il a dit regretter qu'en plus des institutions, les ministères des Moudjahidine et de la Justice, les organisations de la famille révolutionnaire brillent par leur mutisme. Malgré ce silence, il a décidé de continuer son combat. “J'ai saisi tout le monde, y compris la présidence de la République, j'ai tout perdu, je me fais un devoir d'aller jusqu'au bout de mon combat. Car c'est un combat pour la vérité”, a-t-il souligné. Il croit et est certain qu'il y a ce qu'il appelle “une maffia politico-judiciaire” qui gangrène l'appareil judiciaire et qui fait tout pour étouffer la vérité et le réduire, lui, au silence. C'est un homme plein d'amertume, désabusé, méprisé, mais certainement déterminé qui s'est présenté devant la cour, un geste de défi malgré les anomalies constatées dans la procédure, pour pouvoir enfin dire la vérité, convaincre et pour que justice soit faite. Justice pour la mémoire de ceux qui ont combattu pour l'indépendance du pays, comme il aime à le répéter. Le rendez-vous est ainsi reporté. Djilali B.