Cela fait longtemps que le tribunal d'Alger n'a pas connu une affluence comme celle d'hier. Deux raisons à cela, la reprise de l'interminable procès intenté contre Benyoucef Mellouk, procès dit des magistrats faussaires auquel sont venus assister des associations, des personnalités, des défenseurs des droits de l'Homme, des adhérents aux organisations de lutte contre la corruption et d'anciens combattants et combattantes. La convocation de l'audience vient à point nommé dans ce contexte marqué par les scandales financiers touchant de grandes entreprises et de grands secteurs du domaine public. Il s'agit de corruption aussi dans ce procès, a affirmé hier M. Mellouk au sortir du tribunal où l'audience a été reportée au 8 mars prochain. Appelé à la barre, M. Mellouk dépose devant la juge le dossier complet qui appuie ses déclarations concernant les magistrats faussaires qui lui ont valu le procès qui traîne depuis 1992. Devant le monde venu assister au procès — les policiers débordés sont allés jusqu'à exiger des gens une convocation pour avoir accès à la salle d'audience —, et le volumineux dossier devant elle, la juge a décidé de prononcer le report pour absence des plaignants. Réclamation faite par sa défense qui n'a pas réussi à avoir accès à cette doléance pendant des années. L'accusé, fatigué du harcèlement qui dure depuis 18 ans, réclame la fin de ce macabre feuilleton. M. Mellouk espère que ce sera la fin de son calvaire et le début de la véritable lutte contre la corruption. “On doit commencer par nettoyer devant sa porte pour combattre la corruption”, conclut-il sur cette sentence.