La joie de l'entrée en exploitation du barrage de Beni Haroun a été gâchée par le phénomène des fuites. Autopsie d'un ratage à rattraper. Contrairement aux prévisions des cadres de l'ADE, l'arrivée des eaux du barrage de Beni Haroun n'a pas remis les choses en place. Au contraire, elle a mis à nu toutes les défaillances d'un secteur en mal de compétences. Le débit trop important a fait éclater les canalisations après moins de trois mois du transfert des eaux du barrage vers Constantine. Il y a trois années alors que le wali donnait le signal d'alerte, aussi bien les cadres de l'Algérienne de eaux que ceux des services de l'hydraulique mettaient un bémol en criant à l'excès d'alarmisme. Un constat qui trouve son explication dans les perturbations de l'alimentation en eau potable au niveau de la majorité des quartiers de la localité, même ceux du centre- ville. Les Constantinois se sont retrouvés, encore une fois, devant des coupures d'eau allant de 72 heures jusqu'à 5 jours. Aujourd'hui, la qualité de l'eau transférée ne se pose plus pour les abonnés de l'ADE, mais c'est plutôt le nouveau programme de distribution qui suscite leur mécontentement. Interrogé à ce propos, le directeur de l'agence n'a pas nié l'existence réelle de perturbations en matière de distribution depuis un mois déjà. Selon ses précisions, le nombre élevé des fuites recensées après l'arrivée des eaux du barrage serait la cause directe des coupures. Le même responsable ajoutera qu'une campagne de réparation des points de déperditions a été entamée par les services de l'ADE durant laquelle plusieurs cités ont été privées d'eau pendant plusieurs jours. Dans la nouvelle ville Ali-Mendjli, il a été recensé 63 fuites nécessitant la coupure d'eau pendant 72 heures. “Il faut dire que certaines conduites n'ont pas résisté à la pression du débit, notamment celles construites à base du galvanisé et de l'acier noir”, a expliqué le directeur de l'ADE. Les citoyens pour leur part ont soulevé un autre souci, celui de la lenteur de l'intervention des services concernés lorsqu'il s'agit de fuites.“Une fuite importante d'eau continue d'exister dans notre quartier depuis trois mois et demi sans que les services de l'ADE bougent le petit doigt pour régler le problème”, nous a confié un habitant de la cité Kadi-Boubekeur. La même situation est vécue au niveau des rues Belouizded, Boumerzoug, Belle-Vue et beaucoup d'autres. Par ailleurs, beaucoup reste à dire quant aux travaux de réhabilitation du réseau AEP, confiés au pool franco-chinois, contre un montant qui dépasse les 60 milliards de centimes. Des fuites d'eau ont été signalées par les citoyens au niveau des conduites déjà renouvelées. Chose qui pose un autre problème, celui du suivi de la part des services de l'hydraulique et de ceux de l'ADE. De l'avis du directeur de ce service, un bureau d'études français est chargé d'assurer le suivi du projet. Il est appelé à remettre un rapport détaillé aux autorités sur l'avancement et la qualité des travaux. Pour le moment, près de 81 kilomètres ont été renouvelés. Il reste presque 40 autres à achever avant mai 2008. Le consortium franco-chinois a réparé 365 fuites sur un total de 716 détectées, soit 55% des déperditions existantes, particulièrement dans les quartiers de la vieille ville (Ben-Chergui, Sidi Mabrouk, Emir-Abdelkader et Belle-vue). Radia Madani Aoued