Le chef de l'Etat s'est dit prêt à abandonner le projet plutôt que de faire courir une catastrophe écologique et un drame à la région. La visite du président de la République dans la wilaya de Mila est destinée en particulier à inaugurer une bonne partie des ouvrages en relation avec le complexe hydraulique de Béni Haroun. C'est l'un des plus grands projets de l'Etat algérien. A Sidi Merouane, localité relevant de la wilaya de Mila, le chef de l'Etat s'est donné rendez-vous avec une population plus que jamais fidèle à son attachement aux valeurs nationalistes. Un autre déferlement. Un autre bain de foule. Les esprits étaient manifestement surchauffés à l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika. Un dispositif de sécurité impressionnant tentait, comme un seul homme d'évincer la crainte de débordement. Il n'y a pas eu de débordement, mais des imprévus dans la réalisation de Béni Haroun ont provoqué la colère du président. Sur place, le chef de l'Etat a lâché une avalanche de critiques et de mises au point à l'adresse des responsables de l'hydraulique. Le chef de l'Etat a remis en cause l'option d'un système de pompage prototype. «Pourquoi opter pour des machines prototypes alors qu'il existe d'autres solutions», s'indigne le président qui souligne que ce choix risquerait de causer la panne de l'ensemble du système si l'une des machine venait à tomber en panne. Après quoi, la cagnotte déboursée jusqu'ici dans l'accomplissement de cet immense ouvrage - près de 3 milliards de dollars - serait emportée par la crue. Le projet, composé de plusieurs lots dont les transferts vers les cinq wilayas concernées, devrait sécuriser une bonne partie de l'est du pays en eau potable. Et d'ajouter: «Nous ne pouvons faire des économies de bouts de chandelle dans un projet de plusieurs milliards de dollars. Nous ne pouvons jouer avec des milliards de dollars». Le président de la République ne s'est pas arrêté à ce stade de son réquisitoire. Il a mis en garde les responsables en charge de l'ouvrage contre la moindre faute. «Je ne peux tolérer ni faute ni faille», martèle le président. Il sied de signaler, dans la foulée, qu'à une tension de 80 barres, la moindre fuite pourrait causer une déflagration énorme, voire même un drame. C'est pourquoi la tolérance zéro a été décrétée contre la moindre défaillance. «Je suis prêt à abandonner le projet plutôt que de faire courir une catastrophe écologique et un drame à la région», a déclaré encore le président de la République. Et d'ajouter sur sa lancée qu'«au démarrage déjà la première machine n'a pas fonctionné». C'est une véritable remise en cause de ce système prototype de pompage. Le complexe hydraulique de Béni Haroun est destiné à améliorer et à sécuriser l'alimentation en eau potable de près de 4 millions d'habitants répartis sur un territoire de six wilayas. Soucieux de l'avenir du projet et de la sécurité des populations, le premier magistrat du pays a ordonné de faire recours à un organisme de renommée internationale aux fins de juguler les problèmes soulevés. La consistance physique de cet aménagement est composée d'ouvrages de mobilisation, de transferts d'adduction, de traitement et de réseaux d'irrigation. Il s'agit de deux barrages principaux, à savoir Béni Haroun et Boussiaba d'une capacité de 960 et 120 millions de m3, trois barrages réservoirs, trois stations de pompage, 260 km de conduites, six couloirs d'alimentation et quatre périmètres d'irrigation. Sur place, le président a recommandé aussi de faire une autre commande dans le but d'équiper la station d'une machine de secours. Pour lui, il n'est pas question de faire des aventures avec un système de pompage prototype. Le chef de l'Etat a poursuivi ensuite son programme de visite.