L'insuffisance des ressources en eau en Algérie a amené les pouvoirs publics à lancer des projets de dessalement d'eau de mer. Un colloque sur “Eau, ville et environnement” a été au centre des débats avant-hier à l'auditorium de l'université de l'Usto. Organisé conjointement par l'Usto, le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) et l'université de Bourgogne, dans le cadre d'accords de programme de coopération, les participants ont abordé les questions liées à la politique de gestion de l'eau, de l'accès à l'eau, sa rareté, etc. L'eau étant devenue un problème central se pose aussitôt en termes d'enjeux de développement, de modèle de gestion et, donc, de “marchandisation” de l'eau. L'insuffisance des ressources en eau en Algérie a amené tout récemment les pouvoirs publics à se lancer dans des projets de dessalement d'eau de mer comme solution à cette situation. Projets coûteux et aux conséquences écologiques connues, bien que c'est là aussi une question qui divise les spécialistes. Ainsi, pour l'un des participants, M. André Larceneux, de l'université de Bourgogne, la situation de l'agglomération oranaise est préoccupante. Une situation qui, par ailleurs, doit être sensiblement la même que dans les autres grands centres urbains d'Algérie, puisque la caractéristiques de ces 20 dernières années est la croissance urbaine anarchique, les changements culturels de mode de vie et donc d'accroissement des besoins en eau. L'orateur, dans sa communication, expliquera que dans cette situation, croissance démographique, multiplication de “l'habitat informel”, les réponses apportées aux besoins en eau ont été individuelles et partielles, comme le recours aux colporteurs d'eau, le stockage, etc. qui ont concouru à “la formation d'un marché spontané à caractère privé”. D'où encore la nécessité de poser la question de l'équité dans l'accessibilité à l'AEP, qui est du ressort des Etats. La tendance dans le contexte de mondialisation de la “marchandisation” de l'eau se pose plus que jamais alors même que tout récemment ont été mises en place, dans les villes d'Alger et d'Oran, des gestions déléguées de l'eau qui pour certains sont une forme de privatisation. D'ailleurs, en préambule de l'ouverture du colloque, il est question de cet aspect de “concession des services de l'eau”, de partenariat public-privé, autant de modes de gestion qui auront à faire le choix économique face à la rareté de l'eau et la satisfaction des besoins. Sur un autre plan, des intervenants ont souligné, encore une fois, le problème récurrent de la gestion des infrastructures comme les barrages, qui souffrent d'envasement et donc leur rentabilité s'en trouve d'autant diminuée. M. Mahi Tabet, chercheur, associé au Crasc, a justement rappelé que le développement socioéconomique de la population dépend en partie d'une disponibilité en eau toujours plus grande. La baisse des précipitations s'accompagne d'une diminution du taux de ruissellement des eaux de surface et a surtout provoqué une érosion intense des sols et du relief. Le manque de travaux et d'entretien au niveau des versants des barrages est la cause principale de leur envasement. Un état des lieux qui se vérifie, comme ces derniers jours avec les fortes précipitations qui se sont abattues sur le nord du pays. Une pluie providentielle, comme le déclare le simple citoyen, mais qui ne pourra être mobilisé au maximum au niveau des barrages pour les raisons invoquées plus haut. Les travaux de ce colloque se poursuivent au sein d'ateliers qui permettront d'aborder plus profondément les thèmes annoncés en introduction. F. BOUMEDIENE