Le colloque international sur les ressources en eaux souterraines du Sahara se poursuit, depuis hier, à Ouargla par une série de communications débat et une sortie sur le terrain vers le cratère de Berkaoui est prévue aujourd'hui. La première journée de travaux s'est distinguée par l'allocution d'ouverture du ministre de tutelle qui soulignera notamment les points forts de la politique nationale en matière de ressources hydriques, à savoir la mobilisation des potentialités hydriques du pays et l'intégration graduelle des ressources non conventionnelles, tels le dessalement d'eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées. Parlant de la surexploitation actuelle des nappes fossiles dans le Sahara, ayant engendré de graves phénomènes environnementaux telle la remontée des eaux de la nappe phréatique à El Oued et Ouargla, M. Sellal soulignera qu'outre les sommes colossales consenties par les pouvoirs publics pour l'étude et l'éradication du phénomène, le ministère des Ressources en eau réalisera à court terme deux grands projets structurants dans le Sud, soit une adduction de plus de 750 km qui alimentera, à partir des champs captants de In Salah, la ville de Tamanrasset et les centres de vie situés sur le tracé, avec un volume d'eau exploité de l'ordre de 33 m3/an. Réalisé à partir des champs captants situés entre le sud de Djelfa et Ghardaïa, le second projet permettra, quant à lui, d'exploiter un volume annuel de 120 millions de m3 pour répondre aux besoins de développement des régions de Djelfa, de Tiaret, de la nouvelle ville de Bouguezoul et de M'sila. Sitôt la traditionnelle inauguration officielle terminée par la diffusion d'un documentaire sur l'eau au Sahara, les participants au séminaire se sont penchés sur la principale thématique du jour, à savoir « La connaissance et la gestion des ressources en eaux souterraines et la préservation qualitative des ressources en eau ». C'est, en fait, de la gestion commune du bassin transfrontalier du Sahara qu'il s'agissait en premier lieu. Le système aquifère du Sahara septentrional recouvre une étendue de plus d'un million de km2 partagée par l'Algérie (700 000 km2), la Libye (250 000 m2) et la Tunisie (80 000 m2). Confronté aux risques majeurs de salinisation et de pollution, de réduction des puits artésiens, de tarissement des exutoires et d'interférences entre les pays, le projet commun, Système aquifère du Sahara septentrional (SASS), lancé en 1998 et confié à un organisme international, l'Observatoire du Sahel et du Sahara a pu déterminer les zones les plus vulnérables et identifier de nouvelles zones potentielles de prélèvement, en plus de la mise en place d'un mécanisme de concertation pour la gestion commune du bassin. Le projet, qui a bénéficié de l'appui de la coopération suisse, du FIDA et de la FAO, pour une première phase qui s'est poursuivie jusqu'en décembre 2002, a constitué une base de données de l'hydrogéologie de la région, élaboré des modèles mathématiques et des simulations qui tirent la sonnette d'alarme et clament plus de concertation. La problématique de la remontée des eaux constitue le second axe important de la première journée car elle touche un phénomène d'actualité qui cause un préjudice grave à l'économie locale, alourdie par une inertie de plusieurs décennie et associée à une mauvaise gestion du dossier jusque-là. Les représentants du bureau d'études suisse Bonnard et Gardel, chargé de l'étude, ont présenté à l'occasion les résultats de leurs études, à savoir la mise en œuvre effective des schémas directeurs des wilayas de Ouargla et de Oued Souf, par le lancement des projets avec des délais de réalisation annoncés de 36 mois au maximum. Le projet vise la réhabilitation et l'extension des réseaux d'assainissement, la préservation de l'agriculture par le biais d'un drainage efficace, le transfert des eaux usées et drainées hors des cuvettes, la protection des nappes et la prise en charge des problèmes de santé publique, d'habitat et d'environnement, engendrés par la remontée des eaux de la nappe phréatique.