Siège du RND, à Ben Aknoun. Il est 11h 20. Abdeslam Bouchouareb, le chef de cabinet d'Ahmed Ouyahia, prend la température au téléphone. En face de son bureau est érigé la cellule de sondage chargée de collecter l'information en temps réel, de suivre en live les interventions du ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, à la télévision nationale, et les flashs ponctuels des informations. Les coordinateurs des 48 wilayas sont directement en contact avec M. Bouchouareb qui venait de voter à l'école Bouchaoui, alors que le patron du parti, tradition des Premiers ministres oblige, a voté à l'avenue Pasteur d'Alger. Les premiers taux de participation tombent en cette matinée pluvieuse. Très faibles, comme il fallait bien s'y attendre. Les commentaires vont bon train, mais l'espoir mesuré des cadres du bureau national finit par donner raison aux taux élevés de participation annoncés dans les wilayas du sud et de l'est du pays où le ciel est clément. Le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, joint au téléphone, a voté à Mascara. En route vers Alger, il s'arrête dans plusieurs localités pour prendre le pouls. “Le vote a débuté, ce matin, normalement et correctement, à travers les 48 wilayas”, nous dit M. Bouchouareb. Celui-ci, entouré des cadres du parti et de conseillers d'Ouyahia, nous apprend que “les élections se passent dans un climat serein même si des insuffisances sont relevées çà et là”. Et d'ajouter : “Cela n'influe guère sur le bon déroulement du scrutin. Ce sont des pratiques classiques et des solutions ont été immédiatement apportées aux situations qui se sont présentées.” Il est 14h. M. Zerhouni annonce les nouveaux taux de participation arrêtés à 13h. Des taux sensiblement acceptables au regard des grandes pluies et des sinistres qui ont touché plusieurs régions du pays. Ceux de 16h seront plus prometteurs aux yeux des cadres du parti qui estiment que la grande majorité des femmes n'a pas voté le matin, à l'instar de tous les scrutins et référendums qu'a connus l'Algérie. À la clôture du scrutin prolongé d'une heure dans une quinzaine de wilayas, le ministre de l'Intérieur annonce le taux final de participation. Sur le qui-vive, M. Bouchouareb nous dit tout de go : “Le taux de participation est satisfaisant. Certes, nous avons eu des craintes. Certaines personnalités sont allées jusqu'à développer la thèse de l'abstention. J'estime que le travail de fond que le RND a fait sur le terrain a fini par payer. Quant à nos nouveaux élus, le parti compte très prochainement lancer des séminaires de formation pour eux. D'abord pour mieux gérer les problèmes locaux des citoyens, ensuite pour tenir nos engagements et enfin ouvrir des permanences tant au niveau des APC qu'au niveau des APW.” Optimistes, les responsables de la deuxième force politique du pays auront passé la journée la plus longue depuis le sinistre scénario du 17 mai 2007. À l'instar des grandes formations politiques du pays, le RND a cru aux urnes, à la pluie et au beau temps. FARID BELGACEM