Jeudi, jour de vote, certes, mais surtout de courses hebdomadaires. Jour férié, c'est l'occasion aussi des sorties familiales, ce qui est nouveau dans les traditions de la ville. En ce jeudi hivernal, l'ombre de l'abstention a plané dès les premières heures du scrutin sur la ville du Rocher. Déjà, avant que le temps ne se gâte définitivement, en début d'après-midi, les bureaux de vote attiraient peu de monde à l'inverse des marchés, cafés, cybercafés et places de la ville. En fait, Constantine a choisi ses responsables locaux pour les 5 prochaines années dans… l'indifférence. En effet, notre tournée électorale a marqué sa première halte à la cité Laloum, au centre Hacène-Bourghoud où les électeurs ne se bousculent pas au portillon. Les quelques citoyens se comptent sur les doigts d'une main, l'air déconnecté comme venus répéter un geste machinal. Une heure après, il est 11h. Les lieux gardent toujours leur calme. Une demi-heure après, quelques rayons de soleil tentent de diffuser un peu de chaleur, en vain. Le mercure affiche toujours un profil bas. Direction centre Boudjeriou, dans l'ex-Saint-Jean. Ici, la chose électorale ne mobilise toujours pas, alors que la journée hivernale est à moitié entamée. En effet, la main courante du centre donne un taux de participation inférieur à 5%. 12h quelques minutes. Notre périple nous mène à l'ouest de la ville des Ponts. Virée aux centres d'Ibn-Zeïdoun, à la cité 5-Juillet et aux centres Aïssou et Zighoud, à la cité Boussouf. Même constat ; la majorité des habitants de ces deux grands secteurs urbains a préféré prendre les bus et les taxis pour se diriger vers le centre-ville profiter des quelques rayons de soleil pour faire leurs emplettes. Au centre Ibn-Ziad, aux coups de 12h30, seuls 2%, des inscrits sont passés par-là. Même constat au niveau des deux autres centres. “On en a marre des promesses sans lendemain. Les élus nous ont menti durant des années. Les gens sont démissionnaires de la chose politique”, lança un jeune chômeur, abstentionniste de son état, rencontré près du centre Aïssou. Au siège de la wilaya, les chiffres cumulés disponibles confirment le désintérêt de la majorité des électeurs pour ce rendez-vous censé être intimement lié à leur quotidien. Le constat fait à travers les bureaux de vote de la ville est un résumé de l'état des lieux du reste des bureaux ouverts à travers toute la wilaya. Selon le tableau indicatif affiché au centre de presse, sur les 306 311 Constantinois inscrits, seuls 2,74% pour l'APC et 2,76% pour l'APW ont voté jusqu à 10h. À 14h, la pluie est de plus en plus insistante, ce qui n'est pas le cas de la fréquentation des bureaux de vote. Le temps vient définitivement de se gâter. Idem pour les affaires des élus et de leurs partis. Courte, la journée hivernale commence à tirer sa révérence et les statistiques donnent 9,27% et 9,12% de votants, respectivement pour l'APC et l'APW. Les femmes continuent à affluer, sans atteindre la tendance des anciennes échéances, vers les centres de vote. Deux heures avant la fermeture des bureaux, le taux de participation au niveau de la wilaya a atteint les 22%. Du côté des représentants des 7 partis en lice, les dès sont jetés. On cherche déjà à donner une explication à une forte abstention pourtant… annoncée. Le mauvais temps est brandi comme argument, selon le discours des colistiers. Constantine. Il est 20h. Après une grâce d'une heure qui a reporté la fermeture des bureaux à cette heure au lieu de 19h, on commence à faire le décompte au sein des centres. Deux heures après, les états-majors locaux des partis en lice ont déjà une idée sur la tendance des résultats. Dehors, la ville s'est endormie loin des brouhahas des bureaux. Hier, en fin de matinée, on commente les résultats définitifs. Des 33 sièges de l'APC, l'ex-parti unique a raflé pas moins de 13, alors que le PT a eu 7 sièges, suivi du MSP et du FNA avec 5 sièges chacun. Le RND a eu, enfin, 3 sièges seulement. Dans le même contexte, le FLN a gagné 15 sièges à l'APW, suivi du RND et du PT qui ont eu 8 sièges chacun, le MSP avec 7 sièges et enfin le FN avec 5 sièges. Akila Benabdesselam