Emboîtant le pas à certains politiques français, la majeure partie des titres de l'Hexagone, qui a qualifié les propos du ministre algérien de “sortie antisémite”, a cherché à donner à la polémique des dimensions démesurées. Le ton a été donné par France Soir, lequel écrivait dans son édition de jeudi que “le Président n'est pas le bienvenu en Algérie”. Selon ce titre parisien, “en visite en Algérie la semaine prochaine, Nicolas Sarkozy peut d'ores et déjà s'attendre à un accueil glacial”. Il mettra en valeur la position du Parti socialiste français qui estimait “qu'après les provocations énoncées par des membres du gouvernement algérien, le président français ne doit pas se rendre en Algérie si des excuses ne sont pas faites”. Pour l'auteur de l'article, la déclaration de Mohamed-Chérif Abbas “s'ajoute aux nombreuses provocations lancées contre Nicolas Sarkozy avant son voyage en Algérie du 3 au 5 décembre”. Quant au quotidien le Figaro, qui a qualifié de “provocation algérienne” les propos du ministre algérien des Moudjahidine, il a cherché à provoquer une véritable crise diplomatique entre Alger et Paris en jetant de l'huile sur le feu. Il relèvera avec beaucoup d'insinuations que “Mohamed-Chérif Abbas se distingue par une nouvelle réaction déroutante”. Le ministre des Moudjahidine déclare “avoir appris avec beaucoup d'étonnement et de mécontentement certains propos” qui lui ont été prêtés, sans pour autant les démentir de manière formelle. “Il n'a jamais été dans (mon) intention... de porter atteinte à l'image d'un chef d'Etat étranger”, ajoute-t-il. En suscitant la polémique par n'importe quel moyen, Chérif Abbas paraît vouloir relancer le débat sur la repentance. Un sujet que Sarkozy et Bouteflika ont décidé d'un commun accord de mettre entre parenthèses. Affirmant que “le climat s'alourdit entre Paris et Alger avant la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy”, le Monde a mis l'accent sur le fait qu'il n'y ait pas d'excuses officielles de Chérif Abbas, lequel s'est limité à déclarer qu'il “ne peut assumer les spéculations irresponsables d'un quelconque journal sur un chef d'Etat ami, plus spécialement à la veille de sa visite en Algérie”. Le journal a ajouté que “d'autres voix en Algérie se sont élevées contre la venue du président français”. Il citera le secrétaire général de l'Organisation des anciens combattants de la guerre d'indépendance, Mohamed-Saïd Abadou, qui a déclaré : “En tant qu'Organisation nationale des moudjahidine, nous disons que Sarkozy n'est pas le bienvenu en Algérie (...) et nous ne tournerons pas la page avec la France avant d'avoir reçu des excuses.” Le Monde ira jusqu'à affirmer que “l'Algérie prépare sans enthousiasme la prochaine visite de Nicolas Sarkozy”. Dans cet article, on peut lire que “la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie, les 3, 4 et 5 décembre, ne déclenche pas un enthousiasme excessif au sein de la population algérienne. Ici, le nom du nouveau président français est synonyme de restriction des visas, de tests ADN, de soutien à Israël”. Le Nouvel Observateur s'est également signalé en reprenant dans son édition d'hier les déclarations faites jeudi par le secrétaire général de l'ONM, Mohamed-Saïd Abadou, dans lesquelles il estimait que “Nicolas Sarkozy n'était pas le bienvenu en Algérie”. K. ABDELKAMEL