“Naegelan a laissé son empreinte chez nous”. Louisa Hanoune fait ainsi référence à l'ancien gouverneur de l'Algérie durant la colonisation pour livrer ses impressions par rapport aux dépassements et autres provocations que les militants de sa formation politique ont eu à affronter lors du scrutin de jeudi dernier. Des provocations et des intimidations que la secrétaire générale du Parti des travailleurs a tenu à dénoncer avec la plus grande vigueur, même si globalement, dit-elle, la campagne et le vote se sont déroulés dans le calme. Tout auréolée du score réalisé par son parti lors de ce scrutin, Louisa Hanoune a animé, hier, une conférence de presse au Centre international de presse (CIP) pour parler des anomalies constatées durant ces élections, mais aussi et surtout pour livrer ses impressions vis-à-vis du déroulement de la campagne et du vote et du travail qui attendent les nouveaux élus. Mme Hanoune a d'abord commencé par relever qu'il y a eu 10 millions d'Algériens qui n'ont pas voté à cause, estime-t-elle, de la politique économique du gouvernement qui a engendré fermeture d'entreprises, licenciements… Cependant, le PT semble trouver consolation dans les bons résultats recueillis par ses candidats lors de cette compétition et qui ont arraché environ 1 140 sièges, entre ceux des APC et ceux des APW. Un score évidemment “énorme”, selon les propos de Mme Hanoune, et qui confirme “la progression” du parti depuis sa naissance. La patronne du PT fait part également d'adhésions massives enregistrées par le parti à l'occasion de cette élection. “Les militants se sont très bien débrouillés avec leurs propres moyens, car on tient à notre indépendance financière”, note-t-elle tout en énumérant les nombreux actes de provocation dont ils ont fait l'objet de la part de militants d'autres formations politiques. “Certains distribuaient des bulletins de vote. D'autres ont carrément lancé des menaces contre nos militants. Dans certaines régions, les procès-verbaux du vote n'ont pas été remis à nos représentants. Il y a eu des coupures d'électricité”, relève-t-elle tout en précisant que tout cela est le fait d'individus et non des directions des partis. Dans le même registre, Mme Hanoune cite le cas du meeting de Tizi Ouzou annulé après une alerte à la bombe sur la route. “Les auteurs ont été identifiés et c'est à la justice de faire son travail”, se contentera-t-elle de dire. Revenant au thème de la gestion locale, Mme Hanoune a estimé que “tout reste lié à la politique du gouvernement” et “on ne peut pas parler de développement local si au niveau du gouvernement la politique ne change pas”. Que feront donc les élus du PT ? “Nous n'avons pas fait de promesses à la population. Nous, nous avons dit qu'au lendemain du 29 novembre, ce sont les mêmes problèmes qu'on aura en face. Il faut donc une mobilisation de tous, y compris, les citoyens pour faire changer les choses”, répond Mme Hanoune qui considère, en outre, que “le maire doit bénéficier d'une protection légale et jouir d'un vrai pouvoir pour pouvoir lutter contre les maffias locales”. Fidèle à son discours, la secrétaire générale du PT a vivement critiqué la politique économique du gouvernement, notamment dans son volet privatisation et fermeture d'entreprises publiques, ainsi que l'accord d'association passé avec l'Union européenne qui tend, dit-elle, à “désertifier le pays par la destruction de son industrie et de sa production”. Mme Hanoune a, par ailleurs, indiqué, à propos des communes où son parti est en ballottage avec d'autres formations politiques, que le critère de l'âge ne doit pas prévaloir dans la désignation des maires. Interrogé sur l'éventualité de voir le PT intégrer le gouvernement, Mme Hanoune a exclu une telle possibilité, en estimant que sa formation “ne peut pas participer à un gouvernement qui applique un programme contraire à ses principes”. “On sera au gouvernement lorsqu'on aura la majorité pour qu'on puisse appliquer notre programme”, réplique-t-elle. H. SaIdani