Le populeux quartier d'El-Hamri, là où une mère et ses deux filles avaient trouvé la mort durant les intempéries de ces derniers jours, écrasées dans leur sommeil par l'effondrement d'une dalle de béton, offraient hier matin un spectacle des plus insolites et des plus tristes. En effet, et alors même que dans la nuit de vendredi à samedi d'autres effondrements partiels se sont produits sans faire de victimes, des dizaines et des dizaines de familles se sont installées dans les rues sous des tentes. Toutes les ruelles de ce quartier en labyrinthe sont occupées par des tentes, on en dénombre ainsi près d'une centaine, à un point tel que plus aucun véhicule ne peut pénétrer ce quartier comme nous le confirme un jeune homme. “Toutes les rues sont bloquées il y a au moins 6 à 8 tentes par rue… Les gens ont eu peur de retourner dans leurs maisons qui sont anciennes”. Et de poursuivre : “Aucun camion de livraison n'a pu passer depuis hier (vendredi, ndlr) c'est le back-out… On attend la venue de la commission promise par le wali pour expertiser les maisons.” En effet, le wali d'Oran qui s'était rendu sur les lieux ce jeudi avec le ministre de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould-Abbès avait été un peu plus clair en expliquant que seules les maisons représentant véritablement un danger seraient évacuées et un logement sera affecté aux familles. Ailleurs, dans un autre et ancien quartier de la ville d'Oran, à Cholet, où là aussi des effondrements partiels se sont produits ces trois derniers jours, des jeunes ont investi la rue revendiquant des logements. Les précipitations, qui se sont produites la semaine écoulée, étaient en effet assez exceptionnelles puisque ce sont pas moins de 136 mm de pluie qui se sont abattues sur Oran et sa région, en 3 jours, pour 60 mm durant le seul mois d'octobre. Si les dégâts causés par les averses qui s'étaient justement abattues en octobre ont été évalués à 14 milliards de centimes, ceux de ces derniers jours risquent fort d'être bien plus importants. D'ores et déjà, les nouvelles Assemblées communales de la wilaya d'Oran, qui dans les jours à venir vont se réunir pour désigner les P/APC, vont très rapidement devoir faire face à la colère des citoyens et gérer l'après-intempéries. Quand on sait que la ville d'Oran compte 13 000 habitations précaires, chiffre officiel donné ce week-end, il va falloir réaliser en un temps record autant de logements sociaux car dans la grande majorité, ces habitations sont occupées par des familles aux revenus extrêmement modestes, ou totalement démunis. La politique de résorption de l'habitat précaire à Oran va devoir nécessiter une révision budgétaire à la hausse au vu de ce qui se passe dans des dizaines de quartiers. Un peu partout désormais les rues sont envahies par des tentes abritant des dizaines de familles qui ont peur de rejoindre leur vieille bâtisse alors que l'hiver ne s'est pas encore véritablement installé. F. Boumediene