Une de ses filiales, la Compagnie Corse Méditerranée, va assurer, dès cet été, des liaisons entre les villes du Sud de la France et l'Algérie. Après huit ans d'embargo, la compagnie aérienne française Air France s'apprêterait à renouer avec la destination Algérie. Son retour tant de fois annoncé puis compromis et renvoyé aux calendes grecques se ferait toutefois à pas très prudents. En effet, l'entreprise hexagonale ne compte pas réinvestir d'un seul coup le ciel algérien. Elle aurait opté pour un retour graduel en jetant à l'eau l'une de ses filiales. Il s'agit de la Compagnie Corse Méditerranée (CCM) qui serait appelée à assurer dès l'été prochain la liaison entre les différentes escales du sud de la France et l'Algérie. Ce créneau libéré à la suite du retrait d'Air Lib et de Khalifa Airways constitue, sans aucun doute, une bonne motivation pour Air France. Quelles sont, cependant, les raisons profondes qui l'ont encouragée à franchir le pas et à mettre fin à ses appréhensions. Longtemps, Air France a invoqué le prétexte sécuritaire pour justifier son boycott de l'escale algérienne. Depuis le dramatique épisode du détournement, en décembre 1994, de l'un de ses Airbus à son décollage du tarmac de l'aéroport Houari-Boumediene à Alger, elle a toujours conditionné son retour par la satisfaction d'impératifs sécuritaires souvent exagérés. Mettant en avant les pressions syndicales, la compagnie française a poussé ses exigences jusqu'à demander la présence de policiers français sur les passerelles d'embarquement des passagers. Perçue comme une atteinte à la souveraineté nationale, cette demande a été, bien entendu, refusée par les autorités algériennes. En revanche, celles-ci n'ont pas cessé de redoubler d'assurance pour convaincre l'entreprise hexagonale à revenir. Leur plus grand argument, les algériens le puisent dans le retour d'autres compagnies, à l'instar de l'italienne Alitalia. C'est en effet la première compagnie européenne à avoir renoué avec le ciel algérien. En France, un tour-operator et une entreprise aérienne régionale Aeris ont, de leur côté, brisé l'embargo d'Air France, il y a trois ans. Air Lib leur succédera. Appâtée par une destination lucrative mais abandonnée, la nouvelle compagnie, issue d'un plan de restructuration drastique, entendait ainsi remonter la pente. Elle a effectué son premier vol vers Alger au printemps dernier. Elle tentera ensuite de multiplier ses escales, mais sans grand succès. Rattrapée par ses ennuis financiers, Air Lib vient de mettre la clé sous le paillasson. Néanmoins, son retrait ne va pas laisser un grand vide. A sa place, une autre compagnie française Air Littoral a vite fait de s'installer. Reste Air France. D'aucuns pensent que son retour est en relation avec la récente visite que le président Jacques Chirac a effectuée en Algérie. Ce dernier, croit-on savoir, aurait négocié la reprise de l'activité de la compagnie française dans notre pays contre l'octroi du marché relatif au renouvellement de la flotte d'Air Algérie au constructeur franco-allemand Airbus. L'entreprise nationale aurait, par ailleurs, été autorisée à augmenter le nombre de ses escales parisiennes en laissant l'ensemble des dessertes du Sud de la France à la Compagnie Corse Méditerranée. S. L.