La conférence internationale sur les changements climatiques et le péril du réchauffement, rassemblant des gouvernements du monde entier, se tient à Bali jusqu'au 14 décembre, sous l'égide de l'ONU. Cette énième rencontre doit permettre de tracer une feuille de route pour prolonger au-delà de 2012 le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effets de serre, responsables de la montée des températures. Les yeux du monde sont tournés vers vous, a solennellement déclaré aux délégués le secrétaire exécutif de la Convention de l'ONU sur les changements climatiques (UNFCCC), le Néerlandais Yvo de Boer. La conférence s'est ouverte sous de meilleures auspices que les précédentes avec la ratification par l'Australie de la convention de Kyoto. Le Premier ministre de gauche, Kevin Rudd, tout juste élu, a accompli le premier acte officiel de son gouvernement en signant cet unique outil international pour freiner les émissions de gaz à effet de serre qui approchent des niveaux records. Les Etats-Unis sont désormais la seule nation développée à ne pas avoir ratifié Kyoto. Les scientifiques recommandent de les diviser par deux d'ici 2050 (80% pour les pays industrialisés). Le réchauffement climatique menace notamment l'Indonésie, hôte de la conférence et troisième émetteur mondial de CO2 en raison de la déforestation qui s'y déroule à grande échelle. L'archipel pourrait perdre 2 000 îles en cas de montée des océans ! Dix mille participants, responsables gouvernementaux, experts et militants écologistes, ont commencé à débattre de questions techniques très variées, allant de l'énergie éolienne au marché du carbone en passant par la géothermie ou l'avancée du désert avant de céder la place aux politiques. Pour la symbolique, la climatisation a été réduite dans la salle des conférences, obligeant les séminaristes à porter des tenus relax, sans veste ni cravate. L'Onu espère à Bali une triple décision. Premièrement lancer les négociations sur l'après-protocole de Kyoto, deuxièmement un calendrier pour ces négociations et, troisièmement, une date ferme pour les conclure. Cependant, les seuils de réduction des émissions de gaz à effet de serre et les moyens éventuellement contraignants pour les limiter ne seront pas décidés en terre indonésienne mais après. Bali ne sera donc que le cadre de négociations sur les négociations. Selon le ministre indonésien de l'environnement nommé nouveau président de la convention climat de l'ONU, de nombreux gouvernements souhaitent que les négociations lancées à Bali aboutissent en 2009. Il resterait alors trois ans de ratifications avant qu'expire, en 2012, la première période d'engagement de Kyoto. Ceci pour dire que la lutte contre les effets de serre est loin d'être gagnée. La réunion a pour cadre Nusa Dua, une péninsule au sud de Bali abritant des complexes hôteliers luxueux, placée sous la protection de 3 000 policiers et 7 000 militaires. De grands pays émergeants comme la Chine traînent la patte au prétexte qu'ils doivent d'abord combler leurs retards économiques. D. B.