Mohamed-Chérif Abbas a brillé par son absence. Celui par qui la visite de Sarkozy à Alger a failli être annulée ne se trouvait pas au pied de la passerelle de l'Airbus du président français, à l'instar des autres ministres entourant M. Boute-flika : aux yeux de la presse française, cette absence constituait la principale nouvelle de la journée. Pour le Figaro, le ministre des Moudjahidine est “l'homme par qui le scandale est arrivé à la suite de ses déclarations sur le ‘lobby juif' qui aurait porté au pouvoir Nicolas Sarkozy”. Le journal de droite constate que “le président algérien, qui avait promis d'‘accueillir en ami' son homologue, tient promesse”. La tirade du président français, mettant sur le même niveau de haine l'antisémitisme et l'islamophobie, est présentée comme une réponse à M. Abbas. Pour Libération, M. Bouteflika a préféré cacher Mohamed-Chérif coupable d'un “dérapage qui a failli conduire à l'annulation du déplacement” de M. Sarkozy. “Son absence a été perçue comme un signe d'apaisement côté français”, écrit le quotidien de la gauche qui a aussi vu dans la tirade du président français une réplique au ministre algérien. Pour le journal, Bouteflika aura quand même sorti le tapis rouge à son invité. Constatant aussi l'absence de M. Abbas et la réponse qui lui a été faite, le quotidien populaire Le Parisien a préféré retenir la dénonciation du colonialisme par le chef de l'Etat français en se demandant si M. Sarkozy “arrivera à apaiser la rancœur algérienne”. Pour Le Monde, le président français a pris tout le monde de court en prononçant un discours “éminemment politique”, alors qu'il était attendu sur le terrain économique. Le journal observe que M. Sarkozy a évité de renvoyer dos à dos le FLN et l'armée française et de rappeler sa détestation de la “repentance” que M. Bouteflika n'a jamais formellement réclamée. L'influent quotidien consacre une page à l'économie de l'Algérie, “pays riche, peuple pauvre”. Il constate que le nombre de harragas augmente parallèlement à la hausse des prix du pétrole. Y. K.