Depuis le mois de janvier, plus de 1600 personnes ont été arrêtées pour des délits liés au trafic de véhicules. Ce qui représente une augmentation de 150%. Selon les statistiques internationales, un véhicule est volé toutes les 10 secondes dans le monde, ce qui correspond à 3 millions de véhicules en Europe, dont 300 000 en France. En Algérie, le trafic de véhicules est devenu une réalité, il est considéré parmi les crimes les plus répandus. C'est ce qui ressort d'une étude menée par le lieutenant Farida Boukerma, de la cellule de communication du commandement de la Gendarmerie nationale. La thèse montre comment ce phénomène a connu depuis les années 1970 une alarmante recrudescence, notamment ces derniers temps à la faveur des facilités d'achat de véhicules ayant conduit à une croissance rapide du parc automobile. Dans les années 1980, l'émergence de ce qu'on appela plus tard “les véhicules Taiwan”, les voitures étaient volées dans leurs pays d'origine, comme la France, l'Allemagne, la Belgique, et remises aux membres du réseau par leurs propriétaires moyennant de petites sommes d'argent ne dépassant pas le tiers de leur véritable prix, pour être acheminées vers d'autres pays dans les 48 heures afin de permettre au propriétaire de déclarer le vol et de bénéficier des dommages auprès des services compétents. Durant la dernière décennie, notre pays a connu de grandes difficultés économiques qui ont favorisé l'utilisation des méthodes illicites. Outre la falsification des documents (carte grise, acte de vente, licence de moudjahid), la contribution des tôliers, des mécaniciens et soudeurs est très sollicitée pour ce qui est de la falsification du numéro de châssis en utilisant les procédés de maquillage, moulage, découpage, etc. L'étude portée sur 7 ans (2000-2007) révèle que durant cette période, 4 716 affaires, dont 576 pour les 10 premiers mois de l'année en cours, sont enregistrées. Durant toujours cette période (janvier-octobre 2007), 1 327 affaires ont été traitées, 1 423 véhicules saisis et 1 609 personnes arrêtées. Comparativement à 2006, les chiffres sont respectivement de 488, de 513 et de 646. Ceci se traduit par une croissance de 171% pour les affaires traitées, 177% pour les véhicules saisis et 149% pour les personnes impliquées. Les wilayas les plus touchées par ce phénomène sont Aïn Defla avec 346 affaires constatées, Oran avec 182 et Constantine avec 116. Pour lutter contre cette forme du crime organisé, la gendarmerie a mis en place deux départements spécialisés : le département véhicules où sont consignés l'examen du véhicule pour les caractéristiques extérieures et intérieures, la datation du véhicule (numéro de châssis, plaque d'identification du constructeur qui préserve l'authenticité des pièces détachées, examen du moteur et de la boîte de vitesses) et l'identification chez les constructeurs automobiles. Pour le département documents, il s'agit de méthodes comparatives entre le vrai et le faux document et le document officiel. Parallèlement, la gendarmerie poursuit l'intensification du contrôle routier des véhicules suspects, les investigations concernant les véhicules volés jusqu'à l'identification des auteurs et la saisie des véhicules ainsi que la collaboration avec les différents intervenants (Sûreté de wilaya, Douanes, administration et services de wilaya), en incitant le citoyen à y contribuer en procédant au dépôt de plainte en temps réel en cas de doute pendant l'achat d'un véhicule suspect en tant que victime d'un vol de véhicule. ALI FARÈS