Le patron du RND a estimé que “le moment est approprié pour la révision de la loi fondamentale”. “Les attentats kamikazes perpétrés le 11 décembre dernier à Alger n'ont aucun lien avec le troisième mandat du président Bouteflika. Les auteurs de cette lecture sont responsables de leurs propos. Ils veulent remettre sur le tapis la thèse du “Qui tue qui ?” et imposer une solution politique à un fléau qui nécessite une lutte implacable et une solution sécuritaire. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui imputent ce double attentat à un manque de vigilance, et je ne crois pas à la hiérarchisation du patriotisme.” Coléreux et ferme dans ses propos, le chef de file du Rassemblement national démocratique (RND) a accusé la nébuleuse d'Al-Qaïda d'être à l'origine de ce double attentat. Il a déclaré, à qui veut l'entendre : “Les demi-propos coûtent cher à l'Algérie. Oussama Ben Laden a voulu prendre en charge en 1994 le GIA. Cette organisation a bénéficié d'une grande propagande médiatique, d'une logistique et d'un soutien financier solides. J'ai été mortifié d'entendre que ces attentats sont liés au troisième mandat de Bouteflika. Je crois, comme vous tous, que ces terroristes n'ont aucune notion de l'Etat, de pays ou de Dieu. Si vous leur donnez l'Algérie, ils la brûleront !” Et de renchérir : “Ces gens-là, nous avons notre petite idée, ils veulent le retour d'un parti dissous.” Le conférencier a estimé que “l'Etat algérien est fort, possède tous les moyens, et la destruction du GSPC, comme celle du GIA, ne viendra que par une lutte directe et sans merci du terrorisme à la source”. Révélant que plus de 6 000 armes ont été déposées de 2000 à 2005, le patron du RND a imputé les derniers attentats d'Alger au manque du renseignement. “Le renseignement n'est pas la seule affaire des services de sécurité, mais de tous les Algériens. Quand le terrorisme vient frapper un Algérien, celui-ci devra mettre au-dessus de toute la mêlée la notion du pouvoir et de l'Etat. Car, c'est d'abord lui qui est visé. Ceux qui prétendent que c'est avec la politique qu'on arrêtera les bombes doivent faire preuve de charité. Et il y aura encore des bombes. Donc, nous devons être plus vigilants et remonter à la source pour glaner le renseignement qui est la force de toute lutte contre ce phénomène.” Lors d'une conférence de presse tenue hier à l'issue du conseil national ordinaire du parti, à l'hôtel Riad de Sidi Fredj, M. Ouyahia regrette, par ailleurs, que la charte pour la paix et la réconciliation nationale ne soit pas aussi vulgarisée. “Cette loi n'est pas exclusivement dédiée aux terroristes qui se trouvent aux maquis et qui veulent se rendre. La réconciliation veut également dire la lutte antiterroriste et sans merci jusqu'à l'éradication du terrorisme.” Révision de la Constitution : “C'est le moment approprié” Interrogé sur la révision de la loi fondamentale et sur le soutien du RND d'un troisième mandat du président, M. Ouyahia dit : “C'est le moment approprié de réviser la Constitution. Au RND, nous sommes républicains. Nous sommes respectueux des lois de la République, et l'actuelle Constitution est en vigueur.” En revanche, le SG du RND s'est refusé à toute critique de cette même Constitution et à se prononcer sur le troisième mandat de Bouteflika dans les deux cas de figure, à savoir si le chef de l'Etat se présente ou pas pour briguer un troisième mandat. “Nous sommes en décembre 2007 et l'élection présidentielle se déroulera le premier semestre 2009. Le chemin est encore long”, dit-il encore avant d'éluder cette question qui, selon lui, n'est pas à l'ordre du jour : “À chaque jour suffit sa peine, et nous avons des priorités à gérer.” Le patron du RND qui est revenu sur les élections législatives et locales s'est félicité des résultats acquis par son parti à travers la percée enregistrée tant à l'APN, aux APW qu'aux APC. Sans spécifier la région, M. Ouyahia, interpellé sur cette question, a crevé l'abcès sur la connotation politique attribuée à son parti en Kabylie. “Le RND va bien en Kabylie, qui est une partie intégrante de l'Algérie. En témoignent les résultats des récentes élections. Mais il faut dire ce qui est de la lecture selon laquelle être d'une autre wilaya et activer en Kabylie est ordinaire, mais issu de la région et être proche du pouvoir est un double crime. Cette lecture n'a plus de place !” Chérif Abbas, Sarkozy et la repentance “Il est de notre droit et de notre devoir de parler et de dénoncer les 130 années de colonisation. Quant à la déclaration de Chérif Abbas, nous ne devons pas s'arrêter à un détail et polémiquer. Qu'est-ce que l'Algérie a gagné pour sa réputation ? Pour son développement ? La repentance a été évoquée pour la première fois en mai 2005 par le président de la République. Est-ce à dire que nous avons trahi ces longues années ? Le chef de l'Etat a été clair : pas de traité d'amitié sans la repentance de la France.” C'est par ces propos que M. Ouyahia a voulu clore la polémique issue de la sortie de Chérif Abbas à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie. Qualifiée “d'importante et de correcte”, la visite de Sarkozy a, selon le conférencier, le mérite d'entendre, pour la première fois, un président français remettre en cause le système colonial. “Ce sont des propos bons”, déclare M. Ouyahia. Celui-ci qui a fustigé la chaîne qatarie Al Jazeera, qui a monté toute une polémique à ce sujet, a estimé, par ailleurs, que “nous les Algériens, nous devons penser à être malins, à protéger nos intérêts et à avoir notre mot à dire”. Et de conclure : “Je n'insulte personne, mais avant qu'ils regardent notre maison, il feront mieux de s'occuper de la leur. Car, maintenant on nous fait la cour !” FARID BELGACEM