Durant plus de deux heures, le conférencier a esquivé, sciemment, toutes les interrogations ayant trait à ce point. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, n'a pas soufflé mot, hier, sur la troisième mandature du président Bouteflika, malgré l'insistance des journalistes, venus nombreux couvrir la conférence de presse au terme de la réunion du conseil national tenu ce week-end à l'hôtel El Riadh. Durant plus de deux heures, le patron du RND a esquivé, sciemment, toutes les interrogations ayant trait au troisième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Ses réponses étaient brèves et vagues. Pourtant, le point 12 de la résolution politique issue du CN a levé le voile sur une partie du dossier. Il est souligné clairement que soucieux de la consolidation de la stabilité nationale et du parachèvement du processus de redressement national, le RND tient à renouveler sa satisfaction devant l'annonce faite par le président de la République, le 4 juillet 2006, de présenter un projet de révision de la Constitution. Sur cette lancée, le parti d'Ouyahia considère que «le moment est, aujourd'hui, plus qu'approprié pour la concrétisation de ce projet». Pourquoi? Usant d'un argument très peu convaincant, Ahmed Ouyahia estime que «le parti a réagi parce que le sujet fait l'actualité. Et puis, le président depuis son investiture à la tête du pays, n'a jamais caché son intention de réviser la Constitution». Pour étayer ses propos, Ouyahia soutiendra que la révision de la Constitution permettra au pays d'aborder «avec une certaine sérénité la présidentielle de 2009.» Que faut-il changer, modifier, ou renforcer dans le futur texte fondamental? La limitation à deux mandats est-elle le maillon faible de la Constitution de 1996? Ouyahia avertit qu'il fera usage de la langue de bronze pour répondre à ces séries de questions. La réponse était de bois: «La Constitution n'est pas le Coran, donc elle n'est pas intouchable. Mais je me priverai de m'aventurer à énumérer les points faibles et points forts du texte fondamental. La résolution politique est claire. Lisez-là.» Ouyahia a refusé de se positionner concernant le troisième mandat du Président, plébiscité par le FLN et les associations satellitaires, mais a reconnu avoir refusé la proposition de M.Abdelaziz Belkhadem faite, lors d'un sommet informel ayant réuni les chefs de l'Alliance et ayant trait à la publication d'une motion de soutien pour un troisième mandat présidentiel de M.Bouteflika. Ce qui est sûr néanmoins, si l'on s'en tient à sa déclaration, Ouyahia ne sera pas le rival de Bouteflika en 2009. Hier, les positions du RND ont été contradictoires. Deux sons de cloche se sont manifestés au sujet de la révision constitutionnelle. D'un côté, comme le souligne si bien la résolution du Conseil national, le moment est opportun pour réviser le texte fondamental, de l'autre, Ouyahia a défendu dans la conférence de presse qu'«il y a 99 affaires à régler avant d'en arriver à cette étape». Il citera «le règlement du statut de la Fonction publique, l'augmentation des salaires, la flambée des prix de produits de première nécessité». Que cachent ses contradictions? Sur sa lancée, Ahmed Ouyahia a stigmatisé la thèse faisant le lien entre le double attentat de mardi 11 décembre et l'intention du Président de briguer un troisième mandat. Sur le plan sécuritaire, le secrétaire général du RND a défendu qu'«aucune solution politique n'est en mesure de parer aux crimes des groupes terroristes». La solution, selon lui, c'est d'«éradiquer» les «terroristes». Il ne faut pas oublier que «ces terroristes sont les enfants du GIA, un groupe terroriste qui a prouvé, par ses actes, qu'il rassemble en son sein des criminels, des traîtres et des mercenaires». Ce groupe, soutient-il, a refusé le dialogue avec les pouvoirs publics durant les années 1990. Ce double attentat ne remet aucunement en cause la réconciliation nationale qui a prouvé son efficacité sur le terrain, a tenu à souligner Ouyahia avant de préciser que ce projet n'a «pas besoin qu'on lui injecte de nouvelles mesures». Revenant sur la visite du président français, Nicolas Sarkozy, à Alger, Ouyahia, tout en qualifiant le bilan de cette visite de correct, estime que la déclaration de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à propos du ministre des Moudjahidine, a «manqué de savoir-vivre et de diplomatie»