La déclaration d'Ouyahia vient confirmer que le FLN peine à drainer l'Alliance dans son sillage. Le patron du RND a refusé de se prononcer sur un troisième mandat comme l'a fait son rival du FLN. «Il faut d'abord respecter la Constitution actuelle», a déclaré Ahmed Ouyahia lors de son passage, samedi soir au forum de l'Entv. Cartésien et serein, le patron du RND a justifié par une analyse succincte la justification de sa position politique. L'ex-ministre de la Justice s'est référé directement à la loi fondamentale du pays pour appuyer ses arguments en demandant, notamment de respecter cette Constitution. Il a laissé entendre que le texte actuel limite le nombre de mandats à deux seulement. Contrairement à son partenaire du FLN, le patron du RND refuse de griller les étapes. «Je n'ai pas le droit d'inviter le président à se présenter à un troisième mandat», a-t-il encore clamé. «Pourquoi?» Tout simplement parce que l'actuelle Constitution ne le permet pas. Développant sa thèse, le patron du RND a violemment critiqué le comportement du FLN qui a invité le président de la République à se présenter à un troisième mandat. Pour lui, cet appel vient en violation de la Constitution. Suivant une méthode bien précise, Ouyahia affirme qu'il faut d'abord réviser la Constitution et ensuite évoquer la question d'un troisième mandat. Très attendu sur cette question d'actualité, le partenaire de l'Alliance présidentielle n'a pas créé la surprise. Intervenant sur le plateau télévisé, M.Ouyahia n'a fait que réitérer les mêmes propos. «La position du RND est de respecter la Constitution et de ne pas se prononcer sur des questions qu'il n'a pas encore examinées», a-t-il rappelé. Pour lui, les choses sont claires: seul le président de la République dispose des prérogatives pour l'amendement de la Constitution. Faisant allusion au projet du FLN, Ouyahia a indiqué que «les partis politiques n'ont pas à proposer un projet pour son amendement». Agacé par cet agissement, Ouyahia a fait savoir que même à l'époque du parti unique il n'y a pas eu ce genre de procédés. La Constitution de 1989 a été présentée par le président lui-même sans aucune interférence des deux chambres parlementaires. Le patron du RND laisse la parole au chef de l'Etat pour se prononcer sur de telles questions. D'ailleurs, il s'est contenté d'insister sur la révision de la Constitution. «Le moment est opportun pour procéder à la révision de la Constitution», a-t-il relevé. La déclaration d'Ouyahia vient confirmer une nouvelle fois que le troisième mandat ne fait pas l'unanimité au sein de l'Alliance. Comme Ouyahia, le patron du MSP a refusé de prendre le relais du FLN. Evoquant l'Alliance présidentielle, M.Ouyahia a démenti les informations rapportées par les médias faisant état du déclin de l'alliance. «C'est une alliance de volontés et de positions pour le soutien du programme du président de la République», a-t-il rappelé. Il a également réaffirmé «la volonté» des trois partis à préserver cette alliance. «Celle-ci nécessite une clarification de sa situation future», a-t-il dit soulignant qu'elle poursuivra son action. Néanmoins, les déclarations du patron du RND sont loin de refléter la réalité au sein de l'alliance. Preuve en est que les partenaires ne se concertent même pas et affichent leur désaccord en public. Lors de son passage au forum, le secrétaire général du FLN était catégorique. «Si les partenaires de l'Alliance ne soutiennent pas le troisième mandat, l'Alliance est condamnée à mourir», a-t-il proprement dit. Maintenant tout est clair. Les trois alliés ont affiché leur désaccord à l'écran prenant à témoin le public. Par ailleurs, revenant sur le sondage d'Al Jazeera, M.Ouyahia a déclaré qu'en faisant l'apologie des actes terroristes, la chaîne a «prouvé son soutien au terrorisme et son hostilité à l'Algérie». Il a assuré que le terrorisme «a perdu sa bataille en Algérie et ne constitue plus un danger pour l'Etat mais tente, plutôt, aujourd'hui, de terroriser les Algériens». Comme il a tenu à souligner que «l'appui à la réconciliation nationale n'est pas une surenchère», ajoutant que la réconciliation «a souffert de l'exagération dans les propos». Contrairement à ce que prétendent certains, M.Ouyahia ne trouve aucun lien entre les attentats et le troisième mandat. «Toute analyse politique des opérations terroristes est "absurde" et toutes les victimes sont innocentes, qu'elles soient civiles ou membres des forces de sécurité», a-t-il précisé.