Conformément à la Constitution, le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, a présenté, hier devant les députés de la chambre basse du Parlement, le programme de l'Exécutif. M. Belkhadem n'a pas omis de préciser que ce programme devra donner un nouveau souffle à la mise en œuvre du plan quinquennal de soutien à la croissance 2005/2009, à côté des réformes engagées depuis 1999, notamment la réforme de la justice, la modernisation de l'administration, des infrastructures, les réformes financières et bancaires, les ressources humaines. Sept chapitres ont été évoqués par le chef du gouvernement. Il s'agit, en premier lieu, de la bonne gouvernance qui englobe la réforme de la justice, la modernisation des structures de l'Etat, notamment les collectivités locales avec une série d'amendements qui toucheront le code de wilaya qui renforcera, selon le chef du gouvernement, l'autorité du wali et le rôle de la daïra, ainsi que le code communal qui permettra de définir les prérogatives des élus avec un statut particulier pour ces derniers. Il est vrai que le programme de l'Exécutif affirme que ce processus constitue "un axe de travail fondamental" de l'action gouvernementale à travers la poursuite de la concrétisation des recommandations formulées par les commissions nationales de réforme de la justice et réforme des structures et des missions de l'Etat. Le projet du programme du gouvernement précise, dans ce registre, que l'objectif final de ces réformes majeures vise à "garantir l'équité entre les citoyens et à favoriser l'émergence d'une administration moderne", en rappelant que l'Algérie a définitivement opté pour le système pluraliste qui est l'un des fondements de la démocratie. A ce propos, le texte souligne que l'approfondissement et la consolidation du processus démocratique seront poursuivis et les libertés collectives et individuelles et la liberté d'expression, d'ailleurs inscrites dans la Constitution, "continueront à être garanties". Aussi, le programme du gouvernement est axé sur la poursuite du processus de réconciliation nationale, le parachèvement du processus de consolidation de l'Etat de droit et le développement économique soutenu et durable. Ainsi, et concernant la réconciliation nationale, le programme du gouvernement vise le rétablissement de la paix et de la sécurité qui constituent "les conditions indispensables" à la mise en œuvre et au succès des programmes de développement économique et social et à l'approfondissement du processus démocratique et à la consolidation de l'Etat de droit. Dans ce contexte, le gouvernement s'engage à poursuivre résolument cette optique sous la haute autorité du président de la République. Il entend renforcer sa vigilance pour "s'opposer à toutes les velléités visant à contrecarrer la politique de réconciliation nationale, d'où qu'elles viennent", partant du fait que le peuple algérien y a massivement souscrit. Parallèlement, le gouvernement réaffirme sa ferme détermination à "lutter résolument et de manière implacable contre le terrorisme et les nouveaux fléaux" qu'il nourrit, notamment le crime organisé et le trafic de drogue qui constituent une agression contre l'Etat et contre la société et ses valeurs fondamentales. C'est ainsi que le premier chapitre englobe également le renforcement de la sécurité des citoyens en augmentant les effectifs de la police, le renforcement de la lutte contre la corruption que ce soit au niveau des institutions privées ou publiques et la mise en place des moyens de se préserver des crimes économiques. Le secteur de la communication n'est pas en reste, puisque 39 milliards de dinars ont été alloués à ce secteur. Aussi, le gouvernement s'engage à garantir la liberté de la presse et à assurer une communication permanente avec les autorités publiques. Stratégie industrielle : mise en œuvre prochaine Le chapitre II, qui a accaparé la part du lion, a porté sur les réformes économiques, dont la réforme des institutions financières et bancaires et le renforcement du contrôle. Le chef du gouvernement est revenu sur la question de la dépendance de l'économie nationale des hydrocarbures et sur le déficit enregistré dans le secteur industriel. A ce titre, il a rappelé la mise en œuvre prochaine de la nouvelle stratégie industrielle. Celle-ci sera caractérisée par une contribution importante de l'Etat à travers des investissements publics, lesquels ont connu une augmentation de 10%. Dans ce contexte, il a cité la hausse du nombre de projets auxquels des autorisations ont été délivrées. Entre l'année 2003 et jusqu'au mois de mai dernier, ceux-ci représentaient des investissements à hauteur de 2 481 milliards de dinars et ont permis la création de 463 130 postes de travail. Il a indiqué également que 83% de ces autorisations ont été enregistrées au 2e semestre de l'année 2006, ce qui s'explique, selon le chef du gouvernement, par les mesures prises par l'Exécutif pour faciliter l'accès aux financements bancaires. Il a indiqué que les crédits à l'investissement ont augmenté de 10% en 2006, atteignant 2 942 milliards de dinars, dont 52,8% ont été accordés à des opérateurs privés. Abordant le dossier des privatisations, il indiquera que 363 opérations ont été enregistrées, dont 202 au profit d'opérateurs algériens, 69 au bénéfice des collectifs de travailleurs et 92 en faveur d'opérateurs étrangers. Ce qui a rapporté 119,42 milliards de dinars au Trésor avec la prise en charge de 56,6 milliards de dinars de dettes et la préservation de plusieurs dizaines de milliers d'emplois. Notons que ces entreprises emploient 31 310 travailleurs et assurent des programmes d'investissement de 432,13 milliards de dinars. M. Belkhadem affirmera également que le gouvernement a réussi à récupérer 39 500 hectares de foncier industriel qui seront destinés aux investisseurs. Pour ce qui est du partenariat, le chef du gouvernement indiquera que 42 opérations ont été finalisées avec une prise des participation globale de 54 milliards de dinars dans les capitaux d'entreprises publiques, la prise en charge de dettes à hauteur de 12,9 milliards de dinars et ayant généré 311,46 milliards de dinars d'investissement et ayant permis la création de 8 026 emplois. M. Belkhadem a également évoqué la création de 17 nouvelles zones industrielles à la fin de 2006 ainsi que la contribution du programme spécial pour 12 wilayas des Hauts-Plateaux à hauteur de 5 milliards de dinars à ces nouvelles réalisations. En outre, il a cité la réforme de la politique douanière et fiscale et la réforme du budget de l'Etat. Il ajoutera que l'Etat a consenti une aide aux investissements hors hydrocarbures de 399 millions de dinars, ainsi qu'une envelpppe de 2 milliards de dinars pour le développement des PME. Le chef du gouvernement a évoqué aussi le secteur du tourisme avec la définition de 42 zones d'expansion touristique. La gestion du commerce national a également été citée. Il indiquera dans ce contexte que 4 projets de loi sont en préparation pour assainir ce secteur, ainsi que la réalisation de 50 nouveaux marchés de gros et 52 autres de détail. Pour ce qui est du commerce extérieur, le chef du gouvernement rappellera les efforts fournis pour la réglementation des exportations de déchets ferreux et non ferreux, ainsi que la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE et les avancées dans les négociations pour l'adhésion à l'OMC. Il fera, néanmoins, remarquer que les importations ont connu une augmentation de 3,4% en 2006. Le chef du gouvernement mettra enfin en avant les indicateurs macroéconomiques du pays qui sont plus que satisfaisants avec une dette extérieure inférieure à 5 milliards de dollars, ainsi qu'un taux de croissance hors hydrocarbures de 5,3% et le maintien du taux d'inflation. Améliorer les conditions de vie du citoyen Cette conjoncture économique, particulièrement favorable, permettra au gouvernement de poursuivre la mise en œuvre du programme de développement économique et social qui vise une croissance forte et durable. Ainsi, l'action gouvernementale, déjà largement engagée, sera orientée, prioritairement, vers la lutte contre le chômage et la pauvreté, la réalisation du programme d'un million de logements, le renforcement, l'extension et la densification des réseaux d'infrastructures de base et l'amélioration des conditions de vie, lit-on dans le projet du programme gouvernemental. Dans ce contexte, et pour lutter contre le chômage et la pauvreté, le programme de l'Exécutif souligne que cela implique la mise en œuvre de vastes programmes d'investissement qui viseront à réduire substantiellement le taux de chômage, précisant, également, que la réduction des poches de pauvreté passe par la consolidation et l'adaptation des dispositifs d'aide et de soutien à la création d'emplois. Quant à la réalisation du programme d'un million de logements, le texte annonce que des mesures concrètes et rigoureuses seront initiées pour dynamiser les chantiers et lever toutes les contraintes qui constituent des obstacles à la concrétisation de la politique menée par les pouvoirs publics en matière d'habitat. Le texte souligne que le renforcement, l'extension et la densification des réseaux d'infrastructures de base visent à répondre aux besoins croissants de l'économie nationale et des citoyens. Concernant l'amélioration des conditions de vie, le projet du programme rappelle que le citoyen est placé au coeur de toutes les actions et de toutes les réformes visant le développement économique et social du pays et la modernisation des structures et des missions de l'Etat. Le gouvernement précise, à ce titre, qu'il accorde au dialogue et à la concertation une importance particulière et privilégiée, relevant que ce n'est qu'en s'appuyant sur ces vertus qu'il sera permis de mobiliser l'ensemble des forces vives de la nation et des différentes composantes de la population autour de l'application du programme proposé.