Dans la série des grands dossiers de la capitale réalisés par Liberté, nous livrons dans cette édition à nos lecteurs tout ce qu'il faut savoir sur la révision du plan directeur d'aménagement urbain (PDAU) et la baie d'Alger, deux projets colossaux qui transformeront Alger en mégapole rivalisant, dès 2011, avec les plus belles villes méditerranéennes. En compagnie du Duch, du directeur du logement et de plusieurs chefs de service de la wilaya sur les lieux des dégâts occasionnés par les fortes pluies de la fin novembre sur l'Ouest algérois, nous avons, en tant que témoins vivants, mesuré l'ampleur de la catastrophe si les 250 familles du fameux bidonville de Haï Bab El Oued n'avaient pas été relogées. La furie des eaux aurait, en effet, emporté les habitations de fortune ainsi que leurs occupants comme des fétus de paille. Après le recensement des quelque 80 familles touchées à des degrés différents par les inondations, nous avons sollicité le directeur de l'urbanisme, Abdelkader Djellaoui, pour un entretien sur la question. Une forte corpulence dégageant une vive énergie. Un vrai paquet de nerfs mais dominant bien son sujet. Il y a de quoi quand on est à la tête de la plus importante structure de la wilaya. La Duch gère un important programme de travaux d'aménagements urbains à l'intérieur et hors site. En 2007 et à titre indicatif, 8 sites ont bénéficié de 20,3 km de voierie, 6,38 km de réseau d'assainissement, 3,6 km d'AEP et 10,9 km d'éclairage pour une population globale de 37 280 habitants. En chiffres de livraison, sur 9 sites de 29 800 logements pour 204 500 habitants, 18,35 km de voierie, 15,5 km de réseau d'assainissement et 7,6 km d'AEP ont été réalisés. En matière de lancement à fin 2007, l'on retrouve les mêmes chiffres. Pour ce qui est de la situation des assiettes de terrain retenues pour la mise en œuvre du programme quinquennal (2005-2009), la Duch gère 126 ha pour la réalisation de 73 établissements scolaires, 258 ha pour les équipements universitaires, 123 ha pour les équipements sportifs, 63,3 ha pour les équipements de la DGSN, 148 ha pour les logements sociaux locatifs, 242 pour le LSP et 20 pour les logements Cnep-location vente, soit un total de 1 171,1 ha, dont 569,3 en secteurs non urbanisables. De travaux hors site, il faut entendre qu'il s'agit d'aménagement de boulevards et de voies de desserte ayant pour but le désenclavement des sites destinés à recevoir les programmes de logements et d'équipements et leur intégration au tissu existant. Deux enveloppes pour 2006 et 2007 sont de l'ordre respectif de 300 et 326 milliards de centimes pour la prise en charge des sites de Draria, Bab Ezzouar, les Bananiers, Aïn Melha, Aïn Benian, Ouled Fayet, Eucalyptus, Douira, Baba Hassen, Taha-Bouchet, Saïd-Hamdine, Birtouta, Tessala El Merdja, Beni Messous, Rouiba, Souidania, El Hamiz, Hammamet, Saoula, Birkhadem et Bentalha. Cependant, si certains problèmes semblent trouver solution, il n'en demeure pas moins que cela n'a jamais été aussi facile qu'on ne l'imagine. Comme l'explique d'ailleurs le directeur du logement, la récupération des assiettes de 555 bâtisses démolies a permis de reprendre à Alger près de 15 ha, ce qui est important, mais la nature juridique de ces terrains d'assiette est complexe au vu du contentieux qui existe entre les copropriétaires et particuliers-particuliers ou Etat-particuliers. En raison du vide juridique que connaît ce volet, beaucoup d'assiettes de terrain sont abandonnées à Alger. La régénération urbaine qui semble une alternative au renouvellement du vieux bâti dans la capitale pourrait constituer une vue de l'esprit si l'Etat ne dotait pas le PDAU d'un arsenal juridique à même de permettre la vente de ces assiettes pour une utilisation efficiente. La révision du PDAU, une bouée de sauvetage Au lendemain de l'indépendance, la capitale a constitué le réceptacle privilégié d'un exode rural fort accompagné de tous les avatars des difficultés économiques, sociales et culturelles d'une dégradation urbaine que nous connaissons aujourd'hui. Les pouvoirs publics ont alors décidé de mettre un terme à cette fatalité en se fixant des objectifs clairs programmés dans le temps pour donner à la capitale le rayonnement national et international qu'elle mérite. C'est pour cette raison essentielle qu'une stratégie basée sur quatre principes a été adoptée, à savoir répondre aux besoins immédiats et urgents des citoyens en veillant à ce que chaque nouveau projet contribue à redonner la lisibilité urbaine et participe à la reconstitution d'un tissu urbain de qualité, définir de nouvelles règles du jeu pour l'avenir à travers la révision du PDAU, accélérer ce mouvement par un projet moteur, celui du réaménagement de la baie et, enfin, réaliser de grands travaux d'embellissement pour impulser cette stratégie. L'objet du projet est avant tout de revoir une législation obsolète. “Le but est de construire une ambition pour affirmer une vision commune et partager Alger à différentes échéances, 2008, 2012, 2016 et 2020, qui s'appuiera notamment sur des projets concrets, participer à améliorer et structurer la connaissance du territoire à travers la production d'un atlas et le développement d'un système d'information géographique (SIG) qui fasse le point sur l'état de la connaissance et la fasse progresser, concevoir un projet ouvert, fixer des règles de construction et d'urbanisme à travers un cadre réglementaire garant de l'intérêt général et support de la gestion des droits des sols et, enfin, installer des stratégies pour mettre en rapport vision, territoires, capacités et acteurs dans le cadre d'un contrat de métropole”, dira M. Djellaoui. C'est d'ailleurs dans cet esprit que s'inscrit la vision de la wilaya d'Alger en faisant appel, à travers des consultations internationales, à des équipes parmi les mieux classées au monde. L'équipe lauréate retenue pour la révision du PDAU d'Alger est le bureau d'études Parque Expo 98 SA (Portugal) avec une note de près de 86 points sur 100. Le coût de l'étude est de 361 050 560 DA (3 921 053 euros) et le délai de réalisation est fixé à 31 mois, à compter de janvier 2008. À noter que ce bureau d'études a joué un rôle-clé dans le renouveau urbain de Lisbonne en organisant l'Exposition universelle de 1998. LA BAIE D'ALGER : 50 KM DE CÔTE À METTRE EN VALEUR Parallèlement à la révision du PDAU, l'aménagement de la baie d'Alger constitue l'autre pôle visant à retisser les liens entre la capitale et la mer. Les perspectives d'aménagement de la baie d'Alger, comme l'explique le Duch, “se fondent sur deux principaux objectifs : privilégier une approche de proximité de manière à ce que ce projet participe à structurer les quartiers limitrophes et favoriser une approche par le haut pour contribuer à faire d'Alger une ville de grand standing par référence aux autres grandes métropoles de la Méditerranée”. Dans ce sens, le cahier des charges se base sur trois préoccupations essentielles, d'abord une cohérence globale autour d'un concept fort d'aménagement, ensuite une stratégie de flexibilité et de phasage des projets et, enfin, une définition des actions à court terme accompagnée des projets prioritaires à réaliser. Le projet baie d'Alger, considérée à juste titre comme l'une des plus belles au monde, s'étend de Bordj El Bahri à Cap-Caxine, dans la commune de Hammamet, soit une longueur d'environ 50 km. Il englobera, entre autres, le projet émirati Immar à proximité de l'hôtel international Hilton. D'aucuns s'interrogent sur la faisabilité de ce titanesque projet alors que des chantiers battent le plein sur la côte algéroise. “Le projet ne se limite pas aux Sablettes, il s'étend du cap au cap”, réplique le Duch qui précise à ce sujet que les travaux “accessoires” sont déjà en cours même si le lancement officiel du projet est prévu pour janvier 2008. En somme, la révision du PDAU et le projet de la baie d'Alger, dont la réception sera faite en principe vers la fin 2010 ou début 2011, verront la métamorphose de la capitale du pays qui aura la place qu'elle mérite dans le bassin méditerranéen. A. F.