Insatisfaite de la qualité des armes livrées par la Russie, l'Algérie a officiellement protesté auprès de Moscou, ce qui n'est pas pour arranger les choses, la collaboration entre Sonatrach et Gazprom a été suspendue. Un sommet Poutine-Bouteflika au Kremlin en janvier 2008 devrait débloquer la situation. Considéré comme le principal fournisseur en armements de l'Algérie, Moscou, dont le dernier contrat avec Alger avoisine les 8 milliards de dollars conclu entre les deux pays en 2006, aura déçu la partie algérienne au point où celle-ci envisage le gel du financement de l'opération. Le chef de l'Etat algérien se serait officiellement plaint de la qualité des armes russes dans une correspondance officielle adressée, en août dernier, à Vladimir Poutine. Le président Abdelaziz Bouteflika devrait se rendre le mois prochain au Kremlin pour y rencontrer son homologue russe et mettre un terme à cette crise latente. Les deux hommes tenteront de trouver un compromis qui ne pénaliserait pas les excellentes relations entre les deux parties. C'est du moins le souhait des dirigeants algériens et russes. Une chose est sûre, les relations entre les deux pays traversent une période difficile, à cause de cette affaire d'armes de mauvaise qualité livrées par les Russes, dont les ramifications s'étendent aux rapports énergétiques qu'ils entretiennent, comme en témoigne la rupture de la collaboration entre Sonatrach et la société russe Gazprom dans le domaine du gaz. L'annonce de la fin des discussions entre la société algérienne des hydrocarbures et Gazprom a été faite, il y a une semaine, par Mohamed Meziane, le P-DG de Sonatrach. Certains cercles russes estiment que l'Algérie, en mettant fin à ses discussions avec Gazprom, a cédé aux pressions américaines et européennes. Pour le journal russe Kommersant, “après avoir observé une certaine neutralité pendant plusieurs années, le président Abdelaziz Bouteflika s'est finalement rangé du côté des énergéticiens, ce qui lui a valu l'approbation de ses “parrains” occidentaux, en premier lieu les Etats-Unis”. Par ailleurs, le Wall Street Journal, qui rapporte également la même information, affirme que le P-DG de la Sonatrach a indiqué que le mémorandum entre Sonatrach et Gazprom signé en août 2006 n'avait rien donné de concret. Le Wall Street Jounal aboutit à la conclusion que “ces propos confirment pour le moins que l'option d'une Opep du gaz, agitée par l'Europe, n'était pas sérieusement envisagée. On en retiendra que la Sonatrach n'est pas dans une logique de cartel, mais juste dans une logique commerciale : elle veut juste augmenter ses parts de marché en Europe”. Il ajoute aussi que “la nouvelle devrait rassurer les Européens qui ont ouvertement émis des objections à la coopération entre deux de ses principaux fournisseurs de gaz, car ils y voyaient les prémices d'une Opep du gaz ; Russes et Algériens assurent à eux seuls 40% des approvisionnements de l'Union européenne en gaz”. Ceci étant, il ne fait aucun doute que la décision algérienne de rompre la collaboration avec Gazprom a un lien direct avec la qualité des armes russes fournies dans le cadre du contrat d'armement. À en croire des sources russes citées par la presse moscovite, dont l'agence Ria Novosti et le journal Kommersant, les Algériens auraient décidé récemment de geler le financement de certains projets prévus dans le cadre de ce contrat. Cela concerne les achats d'avions de type Mig 29 dont la qualité des premières livraisons a été jugée mauvaise par Alger. Selon une source militaire russe, les critiques algériennes sont intervenues après la réception par l'armée algérienne du matériel militaire et sa mise en service dans de bonnes conditions. La même source ajoute que les négociations sur les autres achats prévus dans le contrat seraient également suspendues. Reste à savoir maintenant si ce désaccord, que les pays occidentaux chercheront à exploiter au maximum en proposant leurs services aux Algériens, aura des incidences sur les relations algéro-russes de qualité jusque-là. Le sommet probable entre Bouteflika et Poutine nous renseignera sur la question. K. ABDELKAMEL